Le Bar de la Taverne

Émilia déboula presque les escaliers, la mine revêche! Elle était la première descendue, comme d’habitude et c’était quand même après elle que le tavernier gueulait? Et les autres? Elle pouvaient venir l’aider à laver les tables pendants que presque tout les clients dormaient!
Il n’y avait que quatre client à une heure aussi matinale. Un inconnu dans son coin qui semblait tout absorber à compter son or, un vieux loup de mer qui avait du oublier d’aller se coucher et qui cuvait son rhum dans une position inconfortable: il avait du tomber sans connaissance plutôt que c’être endormi et ça ne devait pas faire longtemps sinon il aurait déjà été jeté dehors par le tavernier. Un homme, habitué de la place et un gamin à peine passé les 15 ans était assis et mangeait en silence l’air crevé. Leur bateau avait du arriver durant la nuit et il profitait du repas en attendant qu’une chambre se libère pour les accueillir.
Le tavernier lui lança un torchon lui indiquant en maugréant de commencer à laver les tables. Elle lui lança un de ses airs courroucé et alors qu’il se détournait pour se plaindre de la sale petite catin qu’elle était, elle le vit sourire en quoi. Elle pouvait se plaindre de lui tant qu’elle voulait, il avait presque remplacé son père. Jamais il n’arrivait à s’émouvoir de son corps de femme. C’était sa manière à lui de la respecter. Il l’aimait comme une fille, pas comme une pute. Elle se mit à laver les tables s’en avoir l’air de s’occuper des clients, mais évidemment le jeune homme se trouva à avoir une vue plongeante de son décolleté. Le vieux qui l’accompagnait et qui la connaissait bien finit par se lasser du manège.

- Arrêtes ça la catin! Mon neveu va avoir une syncope!

Émilia se redressa, courroucée. Elle vit le gamin la dévisager avec envie. Ça avait du être un de ses premiers voyages en mer et sa première visite ici. Elle le savait à la brillance de son regard allumé.

-Dévisage moi pas comme ça, gamin. Je suis pas un morceau de viande.

Il se raidit, offenser. Un puceau, certainement. Elle l’avait blessé dans son orgueil de viril pirate encore puceau. Il la lâcha des yeux à contrecœur, l’air frustré. L’oncle avait surement fait exprès de ne pas lui parler d’elle. Elle se remit à laver les tables et sentit presque aussitôt le regard retomber vers elle, mais fit dignement mine de ne pas s’en apercevoir.

Le navire au complet de La Rose Blanche venait de débarquer dans la taverne! Le tavernier ne savait plus où donner de la tête. Les filles avaient pouffé de rire une nouvelle fois y allant de leur commentaire.

- En v’la un avec les dents de lapin en tout cas.

C’est le dernier entré qui correspondait le mieux au reste de la description (le bout sur le look de Dieu.) Les filles s’énervèrent un peu… les plus faciles à s’exciter à l’idée de ne peut-être pas avoir à coucher avec un vieux truand croulant de pus. Il en fallait si peu. Émilia était plus occupée à manger son pain qu’à songer tout de suite à se mettre au travail, même si le plus beau des diables avaient débarqué dans la pièce. Son geste pour porter sa nourriture à sa bouche fut arrêté par une poigne un peu trop rude qui lui laisserait surement des marques, encore. Elle accusa le choc de se retrouver coller à un personnage au visage peu enviable. Elle essaya de retirer son poignet, geste inutile, elle le savait trop bien.

-Tu t’es trompé de poupée, bonhomme.

Fallait-il que les hommes aillent l’égo gonflé si rapidement qu’ils se croyaient tout permit dès l’instant où il parvenait à mettre en déroute un petit voilier de pacotille. Elle ne tremblait pas, ne semblait pas s’inquiéter de l’agressivité de l’homme. Elle en avait vu d’autre et même si c’était le genre qu’il ne fallait pas provoquer, elle n’allait pas jouer les racoleuses pour autant. D’un geste vif elle releva son jupon de sa main libre et attrapa le coutelas qu’elle y gardait, laissant une fraction de seconde une magnifique vue sur sa cuisse bien ferme aux autres clients. La pointe de la lame s’arrêta à quelque millimètre de l’œil encore valide du borgne.

- J’aimerais bien te voir nous reluquer encore comme ça, une fois que t’auras les deux yeux crevés. Tu payes ou tu te contentes de regarder. J’fais pas dans le crédit.

La ptite mégère n’entendait pas à rire. Elle se savait assez rapide pour lui planter son couteau dans l’œil s’il ne coopérait pas. Le tavernier avait cessez de courir dans tout les sens. Il n’aimait pas qu’on manque de respect à ses filles et attendait avec son couteau de boucher à savoir s’il devait intervenir. Il était toujours temps pour le Borgne de sortir ses écus et que la situation se règle de manière convenable… si on veut. Alors il ne s’en mêlait pas avant le temps.
Émilia ne regarda pas celui qui daigna prendre la défense des catins. Le capitaine assurément. Personne n’oserait donner d’ordre à un autre pirate s’il n’était pas plus élevé hiérarchiquement. Qui plus est sa voix était ferme et le capitaine était le seul à ne pas s’être précipité sur le rhum en arrivant.

C'était triste à entendre. Elle, c'était une femme qui se considérait comme une pute avant toute chose et lui un pirate qui malgré les rumeurs de violeurs, de tueurs d'enfants, d'égorgeurs de femmes se considéraient encore comme un homme... sous prétexte que ces paroles étaient rapportées par des ignares imbéciles qui colportaient des rumeurs pour noircir un peu plus l'image des pirates, il devait se croire tel qu'on le décrivait? La chose n'était pas tant différente entre pirate et pute même s'il n'aurait jamais pris le risque de le présenter de cette façon. Il était sans doute plus facile d'être pirate que pute. Elles devaient supporter n'importe quel homme puant ou non, du moment qu'il payait! Si elle voulait qu'il lui parle comme à une pute, avec un irrespect profond, alors elle ne s'était pas adressé à la bonne personne et bien que son corps délicat était une belle friandise qu'il aurait bien croqué... ce n'était pas elle qu'il choisirait pour clore cette matinée et pourquoi pas le début de l'après-midi.

Il ne voulait pas s'encombrer d'une femme qui ne garderait pas la langue dans sa poche. c'était triste à dire et hautement misogyne mais actuellement, il ne désirait pas échanger des points de vue. Il voulait du sexe avec l'une des catins qui se trouvaient encore attablée et l'idée de reprendre la mer sans avoir pu sentir la peau d'une femme contre la sienne, lui était proprement insupportable. Le désir ardent déchirait déjà son être et c'est peut-être pour attiser le désir qu'il n'était pas entré, avait prit une fille au hasard pour se faire emmener dans sa chambre.

Il se leva, ayant terminé son repas tandis que l'équipage finissaient leurs bières avec entrain pour pouvoir passer à un autre jeu plus charnelle. Sergeï se rendit au bar où la Rouquine avait fini de remettre son couteau en place. Le Capitaine paya pour le repas et la boisson de ses hommes tandis que l'équipage n'en pouvant plus avait déjà tour à tour choisi une catin. Personne n'avait touché à Emilia... elle avait cassé le désir dans beaucoup d'hommes y comprit celui du Capitaine qui trouvait qu'elle ne lui correspondait pas.

La taverne s'était vidé aussi sec, chacun montant à l'étage, une main bien posée sur la fesse de la catin choisie. Sergeï se retourna, l'oeil perplexe. "A c'te sale blague!" Il aurait dû deviner que ses hommes étaient d'humeur farceuse. Chacun avait attendu le bon moment pour prendre toutes les catins présentes et lui laisser la jeune femme qu'il ne désirait pas. Il les voyait déjà, le reluquer de ce même oeil qu'ils avaient lancé à Yann par moquerie gentillette. Sergeï soupira. Il pourrait attendre que l'un de ses hommes eut finit. Et puis quoi encore, c'était lui le capitaine, il n'avait pas a passer après ses hommes!

Il se tourna vers "la petite mégère" et l'invita à le conduire dans sa chambre pour passer aux choses sérieuses. Vu comment il était refroidit jusqu'à la moelle de cette mauvaise blague, il espérait bien qu'il y gagnerait au change.

_ Allons-y! Mais d'abord... Sa main glissa le long de sa cuisse jusqu'à son porte-jarretelles et il décrocha l'arme qu'il remit au tavernier, lui imposant d'un regard sévère de ne pas le lui redonner tout de suite s'il ne voulait pas avoir des ennuis. J'aimerai autant que vous vous passiez de cet objet.

[Prochain post dans la chambre de la mégère]

Avez-vous déjà vu une enfant se rendre dans un lieu où le vice et l’érotisme est toujours présent ?
Et bien maintenant, oui ! La petite Reeze gambadait presque vers la taverne, le sourire aux lèvres. Aujourd’hui, elle avait eue de la chance. Son ventre était plein et dans sa poche il y avait quelques petites pièces qui se cognaient les unes contre les autres, faisant un joli son plutôt satisfaisant. Les gens de cet Île était tellement plus naïf que d’où elle venait ! Elle avait fait le bon choix, un jour, de se cacher dans un bateau marchands, parmi, justement, la marchandise. Son but premier avait été de fuir le roi. Mais l’Île de la Perdition offrait tellement plus de cible à la jeune orpheline qu’elle se trouvait bien chanceuse d’avoir atterri ici !
Enfin bref, comme je disais, la petite Reeze se rendait résolument vers Le Caveau Des Succubes, frôlant les hommes qui s’y rendait déjà et se faufilant parmi les … courtisanes. La jeune fille préférait ce mot à « catin », qu’elle trouvait vulgaire. Et si elle se mettait à dire se mot, c’est qu’elle ne considérait pas son amie comme rien d’autre qu’un objet de chair. La fillette traversa la porte et répondit au salut d’une des dames de l’endroit.

-Tu viens voir Émilia ? demanda la femme peu vêtue.

Reeze hocha affirmativement la tête avec un sourire. Presque toute les femmes de l’endroit la connaissait et savait le lien qu’elle avait avec Émilia. Elle avait aidé l’orpheline alors que quiconque d’autre l’aurait abandonnée à son sort. L’orpheline avait l’impression qu’elle lui devait quelque chose, quelque chose de vraiment important. Mais elle ignorait encore ce qu’était ce quelque chose.
La femme lui rendit son sourire et lui dit qu’Émilia coupait des légumes. Reeze la remercia et traversa la salle, évitant de regarder les femmes se donnait aux hommes qui les payaient. La jeune fille ne comprenait rien à cela. Ces hommes n’avaient-ils pas des femmes ? Des enfants ? Une famille ? C’était idiot de se servirent de pauvres filles comme ça !
Secouant la tête pour chassé ces pensées, Reeze passa la porte et découvrit sa belle amie qui, effectivement, coupait des légumes. Elle s’approcha en douce, avec un sourire en coin, avant de s’exclamer haut et fort, juste pour la surprendre.

-Attention ! Tu vas te couper !

Reeze esquissa une moue mi-moqueuse mi-dégoûtée.
Elle n’aimait pas vraiment ces trucs stupides de filles du genre se donner la bise. Faut dire que la petite vagabonde était très garçonne et que personne n’avait réussi à faire ressortir la fille en elle. Enfin bref, elle endurait ce genre de choses que les filles font entres elles simplement pour faire plaisir à Émilia. Elle remarqua aussi dans ses yeux une lueur soulagée. C’était surement dû au fait que Reeze semblait avoir mangé il y a très peu de temps. Effectivement, elle avait eue la chance de voler quelques pommes et de la viande sèche sur un étale …
Puis la jeune femme devant elle fit mine d’être en colère, lui reprochant de ne pas venir la voir plus souvent. Reeze éclata de rire. Mais c’était vrai. L’orpheline était toujours en cavale, évitait toujours les marchands qui essayaient de la rattraper pour la faire payer ses vols et elle oubliait parfois que Émilia l’attendait, pour bavarder, pour avoir une minute pendant laquelle toutes deux seraient comme n’importe qui d’autre. Pas une voleuse orpheline et une catin …
Alors qu’elle pensait à cela, Émilia lui demanda si elle n’avait pas eue d’ennui … La jeune fille offrit un sourire gêné à son amie. Elle eue presque l’impression qu’un vent frais passant entre eux deux, dans le silence timide de la fillette.

-Et ben, en fait …

Commença Reeze. Elle savait qu’Émilia n’aimait pas quand la jeune fille se mettait les pieds dans les plats. C’était dangereux de faire ainsi car les marchands, s’ils l’attrapaient, pouvait décider de ce qu’ils feraient d’elle. Et la sentence première, c’était de couper la main, non ?

-…Hum … Bah je me suis fait un tout petit peu prendre …

Tout à coup, la porte s’ouvrit en grand et une armée de marchands débarqua, l'air féroce. La jeune orpheline se précipita derrière Émilia, se cachant derrière sa jupe, tandis qu’un marchand pointait la cachette de Reeze.

-C’est elle !