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 La cérémonie des Trois Lunes

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Hadjaï-Akhil Manohar
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Hadjaï-Akhil Manohar


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MessageSujet: La cérémonie des Trois Lunes   La cérémonie des Trois Lunes Icon_minitimeDim 13 Déc - 22:26

La plage était plongée dans l’obscurité, simplement éclairé par les trois lunes pleines qui baignaient la mer dans une fade lumière blanche mouvante. Au loin, le ciel était éclairée d’une lueur orangée et le vent lui portait aux oreilles, les cris de joie et les danses du peuple Kuam. Ce soir, on fêtait la cérémonie des trois Lunes, cette fête qui durait jusqu’à l’aube et au terme de laquelle, une jeune vierge serait offerte à la mer pour les protéger de la Dévoreuse, cette vague qui faisait tant peur au peuple de ce village. Dans bien des contrées, ce sacrifice était perçu comme un acte barbare et il n’y avait pas une cérémonie où Hadjaï se demandait si cela était vraiment nécessaire mais ainsi allait la coutume et elle était perpétrée depuis des générations, il ne s‘en était à proprement parlé jamais offusqué. Il y’avait bien plus de choses horribles commises par les hommes en dehors de ces terres. Etre l’élue signifiait être honorée pendant toute une soirée. Toutes les danses, toutes les musiques, tous les breuvages étaient dédiés à cette femme qui étendue sur une magnifique peau de bête et parée des plus beaux atouts faisait d’elle, une femme plus désirable que toutes les sirènes du continent. Pourtant le lendemain, il lui faudrait beaucoup de courage pour se laisser enchaîner à son radeau et se laisser porter vers sa mort.

Hadjaï n’avait pas tempérament à se mêler à la fête mais il y‘avait toujours une part de lui qui demandait à ce qu‘il y aille quand même. Cela faisait trois ans qu’il ne s’était pas présenté à une de ces fêtes et cela commençait à être mal perçu et s’il y allait ce soir, il serait certainement dévisagé par quelques Kuam qui avait déjà fait courir le bruit qu’il avait ses propres dieux qu’il priait le soir pour faire venir la Dévoreuse sur leur village! Et pour venir s’ajouter à la liste, il serait très en retard car la fête avait débuté depuis déjà deux longues heures et celle-ci avait beau durer toute la nuit, on appréciait la ponctualité.

Se décidant à quitter le sable frais, Hadjaï marcha d’un pas lent vers le lieu des festivités. Après tout, il passait 99% de l’année presque tout seul alors il pouvait bien partager ne serait-ce qu’une soirée avec son village.

Un large cercle de couvertures pour s’y asseoir était positionnés autour des danseurs qui semblaient vouloir dompter les flammes avec leur danse ethnique. Chacun portait son collier de fleur confectionnés par les femmes du villages en vue de l’évènement et qui marquait toujours l’ouverture de la fête avec l’accueil des invités. Le jeune pêcheur se présenta donc sans devant le chef du village et sa fille. Il serait bien aller s’asseoir discrètement sur une des couvertures mais s’il ignorait la bienséance en plus de l’horaire, il n’aurait pas fini d’en entendre parler et puis loin de lui, l’envie de s’attirer les foudres des vieilles du village et de leurs malédictions démoniaques. Hadjaï salua le chef qui le toisa d‘un air sévère, salua sa femme, salua sa fille puis honora la future sacrifiée d’un geste religieux de convenance et de quelques présents, quelques colliers de coquillages des profondeurs qu’elle présenta au peuple avant de les mettre autour de son cou. Le pêcheur partit ensuite s’étendre sur une peau de bête que le feu n’éclairait que de moitié et regarda silencieusement la fête se dérouler en tendant discrètement l’oreille dans les différentes conversations pour prendre un peu nouvelle de ce qui s’était passé depuis sa dernière visite au village.
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Taliane Khëvadaih
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MessageSujet: Re: La cérémonie des Trois Lunes   La cérémonie des Trois Lunes Icon_minitimeLun 14 Déc - 1:19

Au couché du soleil, les Kuam c’étaient réuni au centre du village, où un feu ne tarderait pas à s’enflammer pour bruler tout le long de la nuit. La clarté des flammes et des trois lunes suffisait à éclairer la fête et chargeait le lieu d’une ambiance cabalistique. Tout le jour, Taliane avait été autour de la jeune femme qui devait être offerte en sacrifice pour protéger leur terre, afin que le soir venu elle soit purifier et prête à faire honneur à leur peuple lorsque l’océan viendrait la prendre. Taliane la sentait tendue, malgré le calme qu’elle avait affichée tout le jour, mais l’honneur était trop grand pour qu’elle se permette de montrer sa peur et de faire honte à sa famille. Le soir, lorsque les flammes se mirent à briller, le village Kuam n’avait plus d’yeux que pour elle, parée mieux encore que ne l’était la mère de Taliane, elle était fière et noble et les traces de l’angoisse avait disparue de son visage.

Taliane avait gardé sa place auprès de son père et de sa mère, pour recevoir les salues du village, chaque gens passant devant un à un avant que les danses autour du feu ne commence. Les plus jeunes avaient été les premiers à danser autour du feu, encore maladroit dans leur jeune âge, mais avec un sens du rythme surprenant, ils avaient ouvert la fête sous les tambours et à mesure que la fatigue les gagnait déjà, les plus vieux avaient prit le relais. Assise prêt de son père, Taliane aurait préféré déjà pouvoir aller danser au milieu des autres, mais ne devait pas déroger à ce qui lui était imposé. Viendrait un moment où elle pourrait elle aussi se mouvoir autour des flammes et plus tard encore sa mère, jusqu’à ce que la famille du chef se mêle comme tout autres à la fête, mais la fête n’était pas encore à ce point avancé.

Au milieu de la fête, le jeune pêcheur qui vivait en ermite près de la plage, fit son apparition. Taliane sentit son père se tendre un peu et il ne cacha pas son mécontentement de voir celui qui dérogeait si souvent aux coutumes des Kuam. Taliane n’avait pas la même réserve que bien des gens face à l’un des siens qui cherchaient la solitude et si on ne lui avait pas enseigné à cautionner cette attitude, elle pouvait mieux comprendre, dut à sa nature solitaire. La réserve de son père en voyant le pêcheur arriver ne pourrait certainement pas l’aider à se sentir bien parmi eux. Elle répondit à son salut, dénué de ce qui pouvait s’associer à de l’animosité, ne partageant pas le sentiment de son père vis à vis de celui qui se tenait toujours à l’écart. Elle le suivit des yeux, alors qu’il gagnait sa place, lorsqu’elle surprit le regard de sa mère sur elle. Elle détourna son attention, peu désireuse qu’on interprète mal le font de sa réflexion.

Vint finalement le moment où elle pu quitter son siège. Avant de venir tournoyer autour des flammes, elle vint auprès de la jeune sacrifiée, lui offrir une couronne de fleurs blanches fraichement cueillit, qu’elle avait confectionné et l’embrassa sur le front. Elle l’abandonna pour venir danser au centre du lieu de la fête, chassant le trouble qui l’avait prise en croisant encore le regard de cette femme qui avait si souvent joué avec elle prêt de la plage lorsqu’elles étaient enfants. Lorsque la fille du chef c’était avancée, les danseurs lui avaient laissé la place et le rythme des tambours venant imposer le rythme à ses pas. Son corps se mouvait sans gêne des regards qui tombaient sur elle, offrant son corps à la nuit et à ses trois lunes qui les regarderaient jusqu’au levé du jour.
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Hadjaï-Akhil Manohar
Pêcheur
Hadjaï-Akhil Manohar


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MessageSujet: Re: La cérémonie des Trois Lunes   La cérémonie des Trois Lunes Icon_minitimeLun 14 Déc - 3:45

La soirée devînt très vite très lassante pour lui. Si les autres étaient bien entourés ou savaient comment passer le temps. Hadjaï avait vite fait le tour des conversations voisines et tout ce qu’il avait apprit était des ragots, preuve que le village se portait bien. Maintenant il ne lui restait plus qu’à fixer la danse pour s’occuper jusqu’à l’aube. Une chose était sûre, il ne danserait pas. Il fallait un peu de joie pour danser et il était simplement blasé par la vie. Depuis son arrivée dans ce village, il s’était reclus. Au début, ce n’était qu’une phase nécessaire pour faire son deuil mais ça avait pris des proportions qui aujourd’hui lui causait du tort au vue des rumeurs que le vent lui portait. Heureusement qu’on ne sacrifiait que les jeunes filles vierges sinon il était bon pour se retrouver sur le radeau l’année d’après. Il n’avait jamais vraiment voulu se montrer désagréable envers les gens, c’était quelque chose qui s’imposait à lui un peu comme une première impression visant à bien connaître les gens. Si ceux-ci s’évertuaient à être aimable avec lui alors qu’il ne semblait témoigner aucun effort, alors il pouvait franchir un deuxième cap et se montrer plus ouvert… mais même avec ses clients les plus fidèles, ce cap avait rarement été franchi, pour ne pas dire jamais.

Si ses frères avaient été encore en vie, nulle doute que sa vie aurait été différente. Ils auraient été dans les premiers à venir faire la fête, ils n’auraient pas quitter la danse une seconde. Toutes les Kuams du village aurait subit leur jeu de séduction, peut-être l’un d’entre eux aurait-il déflorer la vierge juste avant l’aube juste pour faire le plus grand coup d’éclat, qui sait? Lorsqu’ils étaient tous les trois, c’était de vrais garnements et rien n’aurait changé en grandissant. Maintenant qu’il était seul, Hadjaï n’avait plus les mêmes envies et il n’arrivait pas à se sentir bien et chez lui dans ce village.

La fête arriva bientôt à une nouvelle phase où seule la princesse venait danser. Cette dernière ne se fit pas prier pour venir occuper l’espace de danse, mouvant son corps avec cette souplesse et ce rythme que beaucoup de femmes lui enviait. Son corps se révélant sous ses colliers, ceux-ci tournoyaient avec elle en un petit bruit de perles s’entrechoquant. A la fin de sa danse, les femmes et les hommes poussèrent un long cri euphorique, invitant tout le monde à rejoindre la nouvelle danse. Tous se levèrent pour venir se joindre à cette nouvelle ronde, certains ayant profiter de la danse de la princesse pour recharger leur batterie et danser de plus belle.

Au bout d’un instant, tout ces gens qui s’amusaient commencèrent à le mettre dans un état de frustration qui le conduit à se lever, profitant que tout le monde danse afin qu’on ne remarque pas son départ. Hadjaï descendit jusqu’à la plage nord, cette plage sacrée où la vierge serait lancé à la mer. Le jeune homme s’assit dans le sable observant les trois lunes et le radeau qui fixé dans le sable venait être ballotté par les vagues comme si celle-ci s’impatientait de recevoir son cadeau. Le jeune pêcheur eut envie d’aller toucher les trois lunes du bout de la main, elle semblait tellement accessible posée à l’horizon sur la mer. Il se jeta à l’eau, nageant avec pour objectif d’aller le plus loin possible puis finalement, faisant la planche, il se laissa ramener par le courant jusqu’au bord de la plage.

La soirée était bien nostalgique et Hadjaï était étonné de s’en émouvoir autant. Seul, étendu dans l’eau, il repensait à cette nuit. Ça datait de plusieurs dizaines d’années pourtant les détails et les odeurs de bois brûlé, lui revenait avec tant de facilité. Son regard grand ouvert se fixa sur le ciel, ses paupières ne battirent plus, totalement plongé dans son passé. On aurait pu croire qu'il s'était noyé
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Taliane Khëvadaih
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MessageSujet: Re: La cérémonie des Trois Lunes   La cérémonie des Trois Lunes Icon_minitimeLun 14 Déc - 4:49

Elle acheva sa danse que le peuple applaudit à sa manière avant de la rejoindre dans l’intention de danser jusqu’au lever du soleil, sous les regards approbateurs de ses parents. Rejoins par les autres corps brulants, les chants se joignant au son des tambours, elle trouva le plaisir d’être au milieu de ces gens, comme à chacune de ses fêtes qui les réunissaient.

Il ne fallut que quelques instants pour que Taliane, au milieu des autres, soient oublié, participant dorénavant à la fête comme n’importe quelle autre femme du village. Elle ne quitta pas aussitôt les danseurs, s’enivrant du plaisir que ces fêtes lui procuraient, sans que l’alcool ne soit nécessaire à leur peuple. Au bout d’un moment pourtant, parmi les gens, son regard chercha celui du pêcheur qui se faisait toujours aussi peu présent. Son regard s’arrêta de nouveau sur sa mère qui la dévisageait avant de lui faire un signe de tête en direction de la plage. Bien vite, Taliane s’esquiva de la fête sans qu’on n’y fasse vraiment attention, la fête trop avancée pour que l’on déroge au plaisir des festivités pour se demander où disparaissait une princesse. Elle n’était plus tenue à auréoler de sa présence et si elle ne pouvait pas se permettre de ne plus réapparaître de toute la nuit, quelques minutes loin de la fête ne lui était pas refusé.

Elle approcha de la mer, le vent léger venant rafraichir sa peau couverte de fine goutte de sueur et réveillant son cerveau enivré par les flammes de la fête. Elle arrêta ses pas sur le sable chaud, cherchant à l’horizon celui qui avait disparut de la fête. Ses yeux s’arrêtèrent sur un point sur l’eau qui s’éloigna durant quelques minutes, vers le lointain, avant de dériver vers la plage, porté par la mer qui le ramenait vers sa terre. L’image ne pouvait que lui rappeler celle d’un radeau s’éloignant sur l’eau pour revenir s’échouer sur la plage d’où il venait. Elle fit disparaître le sourire triste que les vieux souvenirs où elle rêvait encore de pouvoir partir faisait apparaître et ses pieds foulèrent le sable pour la mener vers l’endroit où les vagues mèneraient Hadjaï. Elle n’avait pas le souhait de lui imposer sa présence. S’il avait quitté si rapidement la fête, c’est qu’il désirait probablement la solitude, mais elle se sentait malgré tout poussé vers lui.

Elle gagna l’eau jusqu’à en avoir aux chevilles, les remous de l’eau venant mouiller les pas de son vêtement et vint à la rencontre de l’homme étendu dans l’eau, qui avait finalement regagner la terre des Kuam. Elle lui imposa sa présence en s’interposant entre lui et les étoiles, tachant pourtant de ne pas l’indisposer par sa présence. S’il aurait été surprenant qu’il l’envois vindicativement voir ailleurs, elle n’aurait aucun mal à comprendre rapidement si elle n’était pas la bienvenue, princesse ou pas, et un don de clairvoyance n’était pas nécessaire pour s’en rendre compte. Elle lui sourit pour lui laisser le temps de revenir à la réalité, alors qu’il semblait perdu dans ses songes avant qu’elle n’arrive et brisa le silence de la nuit:


- C’est gentil d’être venu.

Elle ne lui en voulait visiblement pas, comme lui en voudrait la plupart des gens, d’être reparti aussi vite ou de ne jamais venir. Ses paroles n’étaient pas empreinte d’ironie ou d’un quelconque sarcasme. Le fait qu’il aille quittée sa cabane était déjà la preuve qu’il cherchait à venir vers eux et elle préférait voir la chose ainsi plutôt que d’une façon plus négative comme le faisait son père. Elle s’agenouilla dans l’eau, près de lui, sans se soucier que l’écharpe qui lui servait de vêtement s’imbibe d’eau sous les assauts des vagues. Elle tourna son regard vers les étoiles un moment, cherchant les mots de la question qu’elle désirait formuler. Alors qu’elle aurait voulut lui demander s’ils avaient, englobant le village en entier, quelque chose de mal, elle demanda plutôt, retournant son regard vers lui pour s’assurer de la sincérité de sa réponse.

-Je t’ennuis?
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Hadjaï-Akhil Manohar
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MessageSujet: Re: La cérémonie des Trois Lunes   La cérémonie des Trois Lunes Icon_minitimeLun 14 Déc - 5:43

La musique et les cris à cette distance lui étaient bien plus agréable. C’était comme vivre dans un cocon où l’on peut tout observer à distance sans devoir se mêler à la foule et cela avait de plaisant qu’on avait le sentiment d’être intouchable, d’être un Dieu peut-être quelque part, d’être un dieu, certes, mais un dieu seul. S’il était parti de la fête, ce n’était pas parce que le bruit et la foule l’indisposait, c’était parce qu’il n’arrivait pas à y trouver sa place. Il n’avait pas réussit à se mettre sur ses jambes pour venir s’amuser avec les autres… c’était toujours plus facile de fuir que d’affronter les autres. Mais après tant d’années, il se voyait mal tendre la main pour saluer des villageois qu’il ne connaissait que trop peu. Peut-être devrait-il progressivement s’intéresser à la vie du village, par exemple en venant un peu plus souvent les voir, ne serait-ce que quelques minutes pour qu’ils s’habituent à le revoir dans les environs. Ça, Hadjaï y avait souvent pensé mais pris par le travail, il n’avait ni le temps, ni l’envie de faire l’effort. Sans doute ce soir était-ce l’exception qui confirme la règle. Il avait tout de même passé près d’une heure avec les autres, un véritable record!

Il n’avait pas l’intention de retourner à la fête cependant. Il ne voyait pas d’argument pour y retourner. Chanter, danser, très peu pour lui! Il était mieux ainsi allongé dans l’eau, un brin perdu dans l’immensité étoilée. Une tête se pencha pourtant au-dessus de lui, lui obstruant le ciel. Le jeune pêcheur mit une seconde de plus à revenir à la réalité et se redressa stupéfait. Il s’attendait de loin à ce qu’un Kuam vienne à sa rencontre, et qui plus est, la princesse! Quelques conversations espionnes lui avait d’ailleurs appris ce don que la jeune femme possédait et ce bleu si particulier qui animait son regard lorsqu’elle l’utilisait. L’homme aurait voulu échanger avec sa capacité. Peut-être aurait-il pu empêcher le pire s’il avait pu le prévoir! L’homme est si particulier de se torturer avec des questions qu’il pourra tourner dans tous les sens mais dont il n’obtiendra jamais de réponse. Il la regarda encore un instant, perplexe sur la raison de sa présence ici. Son sourire ne la rendait que plus mystérieuse.

Sa remarque le laissa inerte, encore assis dans le sable, l’eau venant parfois le mouiller jusqu’à la taille. Pourquoi se montrait-elle si gentille avec lui? Que pouvait-il répondre à ça? Il ne s’y était même pas plu à cette fête. Il y était venu en traînant les pieds. Détournant le sujet de sa personne, il mit une main dans le sable pour s’appuyer et s’agenouilla sans pour autant la regarder.


_ Vous dansez bien.

Une gentillesse contre une gentillesse. C’était bien comme ça que les relations amicales débutaient, non? Hadjaï n’était plus vraiment sûr de rien. C’était tout de même dramatique de devoir réfléchir autant pour sortir une phrase de trois mots. L’instinct de s’être tenu à l’écart du monde pendant si longtemps voulu qu’il se poussa un peu lorsqu’elle vînt à son tour s’agenouiller. La question le choqua. Comme ci c’était elle la coupable. Bien sur que non, elle n’avait rien fait de mal, c’était lui le problème.

_ Bien sur que non princesse, c’est plutôt moi qui doit vous ennuyer!

La fête battait son plein là-bas, et elle gâchait son temps à traîner sur cette plage avec lui.

_ Vous feriez mieux de repartir danser, ils vous attendent.
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Taliane Khëvadaih
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MessageSujet: Re: La cérémonie des Trois Lunes   La cérémonie des Trois Lunes Icon_minitimeLun 14 Déc - 7:36

Elle chercha dans son regard ce qui le poussait tant à se montrer distant et à vouloir s’éloigner. Elle n’aurait pas eut l’indiscrétion de lui demander ce qui, dès le départ, l’avait poussé à ne jamais se fondre parmi les autres, mais la question lui traversait l’esprit, comme elle traversait l’esprit de la plupart des gens du village. L’animosité qu’ils montraient parfois était une maladroite façon de montrer leur désarrois, peu habitué à ce qu’un des leurs soit si difficile à approcher. Chercher à comprendre n’était pas donné à la plupart des gens, parce que c’était plus long et plus difficile d’agir ainsi. Mais Taliane considérait avoir le temps pour cela et si elle se trouvait dépourvue de ne savoir exactement quoi dire et quoi faire, elle n’avait pas envie de reculer. Elle n’avait pas réellement de mérite à désirer comprendre, puisqu’elle comprenait déjà une parcelle de plus que les autres. Ne pas être à sa place était un sentiment qui avait déjà longuement guidé sa vie et il le lui rappelait en cet instant.

Elle ne sut très bien s’il était sincère dans son compliment. Parce que son regard refusait de croiser le sien lorsqu’il s’adressa à elle, elle ne pouvait en être convaincue. Elle fut plus porter à le croire sincère, car sa nature ne la laissait pas croire d’abord à un mensonge lorsque l’on s’adressait à elle. Plus qu’autre chose, il semblait fragiliser par le manque de contact humain, comme un animal sauvage que l’on aurait surprit et acculer à un rocher. Pour cela elle n’essaya pas d’approcher plus lorsqu’elle le sentit reculer. Il valait mieux prendre le temps et le laisser approcher de lui-même. L’homme était fou de croire qu’il était supérieur aux animaux, car il respectait toujours les mêmes méthodes et il ne fallait qu’observer un peu autour de soi, pour observer qu’en chaque chose, l’homme témoignait de l’animal en lui.

Elle ne recula pas elle-même, elle ne voulait pas avoir l’air d’abandonner pour vouloir repartir. Elle ne regrettait pas d’avoir quitté la fête pour venir ici et c’est le message qu’imposerait son recul. Elle resta agenouillée dans l’eau, ce surprenant qu’il puisse songé qu’elle soit ennuyé par lui, alors que l’énigme qui était la fascinait et l’attirait vers lui, plus que la lumière des flammes ne pouvaient attirer les lucioles. Elle répondit, simple et franche:


- Tu ne m’ennuis pas.

Comme si le contraire eut été totalement impensable à ses yeux. Elle ne voulait pas retourner danser, du moins, si elle en avait envie, elle aurait voulut qu’il vienne avec elle. Elle aurait pu le lui demander, mais elle c’était promis de ne plus trop avancer. Il aurait refusé, ou aurait accepté sans le vouloir réellement. La nuit venait à peine de commencer et elle aurait tout le temps de retourner danser jusqu’à ce que ses chevilles la brûlent pour des jours entiers. Elle ne s’offusqua pas qu’il semble vouloir qu’elle reparte, mais répondit en tournant son regard vers le bruit de la fête qui leur parvenait.

- Ils ne se vexeront pas de mon absence avant quelques temps encore.

Taliane marqua un moment de silence encore. La conversation était lente, comme si chacun craignait que les mots ne soient pas les bons. Elle aurait réellement souhaité pouvoir lui dire le souhait qu’elle avait qu’il se joigne à eux, qu’il se joigne à elle, sans pouvoir expliquer en quoi cela était important à ses yeux, qu’un homme parmi les autres trouvent sa place. Elle n’aurait pas voulut avoir à l’expliquer et cela l’importait pourtant.

- Ils t’attendent, toi aussi tu sais.

Elle n'expliqua pas exactement ses paroles, regardant de nouveau l'océan. L’eau l’invitait à la baignade, à venir par vaguelette se frapper contre elle et si elle ne devait pas retourner immédiatement vers la fête, l’idée d’un bain dans l’océan ne lui déplaisait pas.

- Tu nagerais avec moi?

Elle s’empressa d’ajouter, en le fixant encore comme pour mieux voir au fond de lui s’il serait sincère dans sa réponse:

-Tu n’es pas obligé.

Elle se leva et se défit de la pièce de vêtement qui couvrait le bas de son corps, aussi simplement qu'une femme du monde ce serait défait de son chapeau. Le morceau de tissu, prit dans les vagues s'éloigna vers la plage et échouerait sur le sable suffisamment près pour qu'elle n'aille aucun mal à le retrouver par la suite. Elle s'avança dans l'océan jusqu'à ce que le bas de son corps, jusqu'à la taille, disparaisse sous l'eau. Elle se retourna, craignant avant de faire le geste, de ne rencontrer le vide et de se rendre compte qu'il avait de nouveau disparut.
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Hadjaï-Akhil Manohar
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MessageSujet: Re: La cérémonie des Trois Lunes   La cérémonie des Trois Lunes Icon_minitimeMar 15 Déc - 0:42

Le jeune pêcheur se questionna. Avait-il gaffer? Elle n’avait pas répondu à sa remarque sur la danse. C’est donc qu’elle croyait qu’il se moquait d’elle. Le Kuam ne se moquait pas des gens de sa race, mais il s’en donnait à cœur joie quand les peaux pâles débarquaient pour les critiquer allégrement en les inondant d’un sourire innocent… mais ça elle ne pouvait pas le savoir. Le Kuam était critique envers tout ce qui provenait de l’extérieur de leurs terres. Il se méfiait toujours quand des voiles apparaissaient à l’horizon. Ces visages pâles étaient capables de faire tellement de mal en si peu de temps que c’en était presque surnaturel et puis leurs armes faisaient tellement de bruit. Comme le tonnerre, elles crachaient des gerbes de flammes et l’adversaire tombait aussitôt sur le sol sans plus se relever. La magie des blancs provenait du cœur des enfers, ça Hadjaï n‘en doutait plus! Aucun peuple ne s’était montré plus cruel que ce peuple ci, il voyait encore flotter en sa mémoire ce pavillon noir et ce crâne blanc pourfendus par deux sabres.

Il pensait qu’elle n’aurait pas tarder à décamper en voyant qu’il ne la regardait pas. C’était l’une des techniques les plus en vogue pour éloigner une personne. Il ne voulait pas vraiment l’ignorer ce soir mais les blancs qu’il laissait le temps de trouver quoi lui dire aurait pu être interprété comme tel. Elle serait partie. Pendant quelques instants, il se serait dit qu’il avait été stupide et puis finalement, il se serait résigné à dire que c’était mieux ainsi. Mais la jeune princesse était toujours là, à côté de lui, à sa hauteur et ne semblait pas disposé à se laisser intimider par ces silences.

Malgré la sincérité de sa réponse, il se demandait bien ce qu’elle pouvait trouver d’intéressant à rester agenouillée ici avec lui. Il y’avait plus excitant comme soirée! Cette fête qui n’avait lieu qu’une fois par an et qui rameutait tout le village aurait dû être une raison suffisante pour qu’elle ne souhaite pas rester une minute de plus sur cette plage. Il ne voulait pas être la raison pour laquelle on lui reprocherait d’être partie même si selon elle, ils lui accorderaient encore du temps.

Hadjaï se mit soudainement à rire mais on devina qu’il s’agissait d’un rire ironique, entraîné par l’invraisemblance qu’il mettait sur les mots prononcés. Qui pouvait bien l’attendre là-bas? C’était absolument adorable à entendre mais Hadjaï ne se leurrait pas, personne ne l’attendait. Est-ce qu’on attend encore une personne qui vous a ignoré pendant trois ans? Nan, impossible, elle était gentille mais ça, c’était vraiment de l’ordre du miracle. Hadjaï continua à rire quelques instants avant de retourner subtilement dans un silence que la princesse vînt rompre. Voilà quelque chose qui lui sembla plus plausible!

La princesse vînt se défaire des derniers vêtements qu’elle jeta comme il l’avait fait quelques longues minutes plus tôt et elle s’immergea dans l’Océan. Nager, était quelque chose qui était plus dans ses cordes que la danse ou les grandes réunions festives. La proposition l’avait même tellement tenter qu’il n’avait pas prit le temps de répondre. Nager à plusieurs, cela faisait une éternité qu’il ne l’avait pas fait. La dernière fois remontait à un matin où un Kuam avait fait tombé un objet sacré d’une embarcation. Quelques 10 nageurs pour écumer le fond et Hadjaï pour les endroits les plus reculés. Une expédition qui avait fait chou blanc puisqu’il s’était avéré par la suite que le Kuam en question ne l’avait pas fait tombé mais l’avait volé pour le revendre à des blancs.

Si le jeune homme avait disparu en se retournant, ce n’est pas parce qu’il était parti. C’est parce qu’il avait plongé sous l’eau pour la dépasser. Il réapparut devant elle, faisant un « Bouh » amusé tout en avançant son visage vers le sien! C’était certes une blague un peu puérile par rapport à l’âge qu’il avait mais cela avait été tellement tentant de profiter qu’elle ne regardait pas pour se positionner devant elle pour la surprendre.

Il se rendit compte à quel point il pouvait la détailler. A cette distance, il voyait même la couleur de ses yeux, les formes de sa bouche et son petit nez gracieux. Les femmes blanches n’auraient jamais la beauté des femmes de leur peuple et c‘était bien pour cela qu‘il était dangereux de laisser un homme blanc avec l‘une d‘entre elles!
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Taliane Khëvadaih
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MessageSujet: Re: La cérémonie des Trois Lunes   La cérémonie des Trois Lunes Icon_minitimeDim 3 Jan - 21:05

Taliane ne s’offusqua pas que le jeune Kuam remette en doute ses paroles. Elle pouvait s’attrister qu’il doute de l’ouverture de son peuple, mais ne pouvait pas le lui reprocher et encore moins, selon elle, tenter de le convaincre de quoi que ce soit. Il y avait trop longtemps qu’il était seul avec lui-même pour qu’elle puisse réellement s’attendre à ce qu’il écouta. Elle décida de ne pas se perdre en de longs débats inutiles et ce contenta d’un léger sourire, sans partager son rire ironique avant de lui offrir de nager un peu. Les lunes claires brillaient avec une vives férocités, baignant la surface ce l’eau de lumière. Les vagues et le vent semblaient vouloir s’éveiller de leur tranquillité des derniers jours et on ne pouvait douter que d’ici le levé du soleil, la tempête s’élèverait, comme pour réclamer au Kuam, la femme qui lui était dut.

Mais pour l’heure, nul n’avait à craindre d’être emporté par les vagues. L’océan était encore trop tranquille pour que l’on s’en inquiète. Se retournant, Taliane se retrouva, comme elle l’avait craint, à dévisager le vide, là où se trouvait le Kuam un peu plus tôt. Il guetta un moment déçue, la plage, cherchant à le voir disparaître entre les arbres ou s’éloigner sur la grève. Elle n’eut pas le temps de ce demander quelle faute exactement elle avait dut commettre. Se retournant, résignée à nager seule dans la mer brulante, elle se retrouva face au Kuam qui immergea de l’eau brusquement, manquant de lui arracher un cri de surprise. Si de sa part elle ne ce serait pas attendu à la farce, le jeu enfantin l’amusa, comme il aurait amusé n’importe qu’elle jeune Kuam dont la maturité devait toujours être remise en doute en compagnie d’un Kuam. Il avait quelque chose d’étonnement imprévisible, mais rien ne pouvait lui faire plus plaisir que de le voir quitter un instant sa carapace qui le rendait d’apparence si sérieuse. La proximité de leur visage lui permit de le détailler l’espace d’un instant et de plonger dans le mystère de ses yeux. Elle ne s’attarda pas, feignant dans un même jeu puéril de s’offusquer de son jeu et d’un geste de la main l’arrosa au visage pour se venger, sans malveillance d’aucune sorte, de la crainte qu’il lui avait fait. Elle échappa un léger rire amusé d’un jeu si innocent, qui rappelait ceux des jeunes enfants lorsqu’ils venaient se chamailler dans l’eau sur la berge, chassant d’elle le désarroi qu’elle avait eut de le croire disparut.

Elle nagea un peu plus loin dans l’eau, sans ce risquer cette fois à le perdre de vu pour ne pas ce faire avoir de la même façon et pour l’observer, songeuse. Il était difficile à cerner et l’intriguait plus encore maintenant qu’elle était venue vers lui et sa curiosité naturelle n’arrivait pas à être rassasié de ce Kuam et les mystères qui l’entourait depuis son arrivée.

Sa vue se brouilla subitement, une nouvelle image venant se superposer à celle de la réalité. Elle n'avait pas sentit venir cette vision subite, à moins que ce ne soit ce qu'elle avait repoussé tout le jour, lorsqu'elle se trouvait troublée en présence de la jeune Anaïma. Ses yeux devaient avoir prit un éclat bleuté et si elle gardait contact avec ce qui se passait autour d’elle, elle n’arrivait plus à trouver contact avec le sol marin, son esprit concentré sur l’image de la tempête qui venait jeter violement sur la grève le radeau vide. Cherchant à se raccrocher à quelques chose pour ne pas perdre pied. Les vagues agités se superposaient à celles véritables encore calme de la mer en cet instant. Les images affublèrent dans son esprit, le contact avec l’eau semblant renforcer sa vision. Elle faillit perdre totalement contact avec ce qui se passait vraiment, mais les années lui avait donné la force de ne pas se laisser emporter par ses visions. Elle revint à elle, brutalement, l’éclat bleuté de ses yeux disparaissant brusquement. Cela n’avait duré que quelques secondes, assez pour que cela ne passe pas réellement inaperçu. Son regard se porta vers le radeau qui devait partir sur l’océan à l’aube.
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Hadjaï-Akhil Manohar
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MessageSujet: Re: La cérémonie des Trois Lunes   La cérémonie des Trois Lunes Icon_minitimeLun 4 Jan - 4:44

La mer était un lieu remplie de contradiction pour le Kuam. Aussi vrai qu’il s’y sentait bien, il y avait peur. Il avait beaucoup d’affinité avec ce désert aquatique. Il n’avait plus de doute sur le fait qu’il était né pour l’amadouer, qu’elle se faisait aussi douce et charmante qu’une femme lorsqu’il y plongeait, que plus le temps s’écoulait et plus son corps étaient capable de passer ses limites pour rester plus longtemps avec elle. Mais toutes ses plus grandes peur venait elles aussi de cette étendue pleine de mystères. C’est elle qui avait amené le bateau pirate sur sa côte, c’est elle qui avait noyé ses frères sans justice. En échange des larmes salées qu’il avait versé ce jour là, elle semblait lui avoir accordé sa clémence. Qu’y avait-il dans ses pleurs qui puisse la séduire et la pousser à le sauver? L’océan avait-il un instinct maternel? Avait-il voulu le sauver pour faire de lui un fils? Différent des sirènes et tritons, il ne pourrait jamais trouver une place chez ces êtres que mère nature avait pourvu de cette faculté de rester éternellement sous l’eau sans périr. Il ne trouverait pas sa place chez les kuam non plus qu’il repoussait férocement depuis tellement d’années. C’était clair, tout était de sa faute. Il ne fallait pas qu’il crache sur sa misérable existence puisque c’était ses propres choix qui le rendait misérable aux yeux de tous. La Dévoreuse serait celle qui viendrait le délivrer d’une certaine façon. Peut-être les vieilles femmes avaient-elles raison, peut-être qu’inconsciemment, sans réellement le vouloir, il l’appelait.

Hadjaï-Akhil avait parfois envie de croire que tout ce qui s’était passé ne s’était pas produit sans raison, qu’un jour il comprendrait que ça devait se passer comme ça pour qu’il puisse faire face à son destin. Un destin qui serait autre que celui d’un pauvre pêcheur, peut-être celui d’un Kuam du peuple du village, pas d’un proscrit. Peut-être marcherait-il un jour sur une voie différente de celle qui mène à l’oubli. Le jeune homme aurait voulu poser cette interrogation à cette princesse qui le sondait de son regard. Arriverait-elle à percer le secret de son existence alors que lui-même n’avait pas accès à cette partie de lui. Pourrait-elle un jour lui expliquer que la terre tournait pour lui aussi? Serait-il simplement assez ouvert pour comprendre le message? Rien n’était moins sûr. Ses yeux fixés par ceux de la kuam se fermèrent hypnotiquement de moitié, la laissant libre de scinder son âme pour jeter les morceaux au quatre vents. Le Kuam ne réagit que lorsque quelques gouttes d’eau frappèrent sa peau et il se tourna pour amenuiser la charge de l’assaut.

Tel un enfant qui ne comprend pas, son visage témoigna de sa colère mais ce rire si anodin rendit à ses traits leur neutralité et une certaine surprise. L’analyse de l’attaque révéla le jeu et le Kuam plongea à sa poursuite que les quelques secondes de réflexion avaient éloignés. Il la rattrapa sans mal. Ses bras et ses jambes étaient puissants, sa nage était rapide et sûr. Il aurait pu la surprendre à nouveau, plonger dans les profondeurs, là où la forme des corps ne sont plus visibles. Il plongea dans son monde malléable qui déforme tout ce qui n’y a pas sa place.

Les mouvements plus qu’emportés face à la tranquillité de l’eau le firent se rapprocher avec une fulgurante poussée. Ses yeux se posèrent sur ces yeux bleu qui ne semblait plus faire fis de sa présence en face d’elle. Était-ce cela les mystérieuses visions dont le pêcheur avait eu vent? Il n’avait jamais pu voir l’une de ces transes comme presque tous les villageois étaient habitués. Il ne savait pas comment ni quand cela cessait mais, la voyant se débattre et chercher un appui sur un sol qu’elle ne pouvait guère sentir à cette distance de la côte, il attrapa ses mains qu’il posa à son cou et enroula un bras autour de sa taille pour la caler hors de l’eau. Maintenant un battement de pieds cadencé, ils se gardaient tout deux à la surface.

Le temps qu’il la manipule de telle façon, l’éclat disparaissait déjà et son regard maintenant normal, aussi normal que si rien ne s’était passé, fixait le radeau avec un je ne sais quoi que la curiosité du Kuam réclamait à connaître… mais en avait-il seulement le droit? Il s’abstint de toutes questions. Cette jeune vierge dont il ignorait le nom ne pouvait qu’être concernée. Ce regard insistant sur l’autel flottant ne pouvait être autre chose.


_ Ne forcez pas, je vous ramènes aux vôtres.

Le Kuam passa derrière elle, faisant glisser son bras autour de sa taille. Laissant son dos entrer totalement dans l’eau, il la ramena rapidement sur le sable de la plage.

_ Je crois que vous avez quelque chose à dire aux membres du village.

L’invitant à un départ qu’il ne voulait pas vraiment, il lui tourna le dos pour récupérer ses affaires, s’habiller et faire quelques pas à son opposé.
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Taliane Khëvadaih
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MessageSujet: Re: La cérémonie des Trois Lunes   La cérémonie des Trois Lunes Icon_minitimeDim 10 Jan - 21:39

Elle sentit les bras de Hadjaï la saisir pour la maintenir de l’eau, sans pouvoir immédiatement agir pour l’aider à ne pas se débattre seul dans l’eau pour les maintenir à l’air libre. Son contact l’aida pourtant à chasser la vision et à ce qu’elle reprenne un contact total avec la réalité. Elle parvint à déraidir son corps pour rendre plus facile à Hadjaï la tâche de les ramener sur la rive, son corps refusant d’obéir assez rapidement pour qu’elle lui dise qu’elle parviendrait à y nager seule.

Taliane regagna la plage, plus épuisée qu’elle ne le laissa paraître. Vivre ce genre de vision, surtout lorsqu’elle n’y était pas préparée, la fatiguait plus férocement qu’on ne pouvait le croire. Quitter la plage? Elle ne le pouvait pas. Il était inutile d’aller raconter au village ce que sa vision lui avait laisser entrevoir. Son peuple accueillait avec respect ses visions, lorsqu’elles ne venaient rien chambouler du quotidien. Si elle venait prédire une prochaine pluie, on vérifiait que les systèmes d’irrigations étaient bel et bien fonctionnels pour ne rien en perdre, mais il ne fallait pas pousser plus loin. Aujourd’hui, elle ne pouvait aller vers le peuple et lui annoncer qu’ils ne pouvaient jeter cette femme à la mer, comme sacrifice. Là n’était pas son destin, mais même la princesse, n’avait pas le droit de tenir de tel propos, sans que cela ne soit condamnable. Et sans, surtout, que cela ne mette cette femme plus en péril encore.

Elle ne pouvait pas plus expliquer au jeune pêcheur ce qui en était de sa vision, sans qu’il ne puisse en être embarrassé et que cela ne lui apporte des ennuis. Son regard se reportait toujours sur l’autel flottant, sans qu’elle ne parvienne à l’éloigner de son esprit. Elle savait ne pouvoir faire quoi que ce soit temps et aussi longtemps que le Kuam se trouverait sur la plage, car il était de loin préférable que nul ne sache ce qui en était, mais elle ne pouvait pas le chasser de l’endroit sans que cela ne brise le lien trop fragile qu’elle essayait d’établir. La nuit était longue, mais l’était-elle assez? Plusieurs heures passeraient encore avant le levé du soleil et l’embarcation de bois pouvait attendre. Elle ignora la remarque de Hadjaï, non sans lui servir un sourire entendu que se serait bien inutile. Elle n’y retournerait pas à l’instant. C’était peut-être joué avec le feu, mais qui se soucierait à présent qu’ils étaient tous grisé de la chaleur du feu, de son absence à elle.

Elle avait reprit entre ses doigts, le morceau de tissu imbibé d’eau pour s’en recouvrir et regarda Hadjaï s’éloigner de quelques pas sur la plage, pour lui fausser compagnie et l’obliger à retourner vers les siens. Elle aurait pu le laisser partir et il lui aurait été alors plus simple de se charger de ce que sa vision lui dictait de faire. Elle ni parvint pourtant pas. Sa voix porta vers les oreilles du Kuam.


- Il m’est arrivé de rêver de toi.

Elle avait échappé les mots avec une simplicité et une franchise qui ne lui aurait pas été permit en d’autres mondes. La convenance ne trouvait pas de réel écho dans leur monde. Il y avait certes des procédures, mais Taliane pouvait s’en permettre plus que si elle avait été femme chez ceux qui les appelaient sauvages. Elle ne précisa aucunement si son talent divinatoire était en cause dans ses rêves. Jouer avec ce que le destin prédisait ou ne prédisait pas était une des rares gênes qu’elle se gardait. Mais voilà qu’elle c’était gardé de trop le brusquer et qu’en désespoir de cause, pour l’empêcher de partir, elle forçait soudainement les choses pour le garder ici. Elle avait gardé un ton léger, presque anodin, mais elle avait difficilement caché son souhait qu’il reste avec un tel commentaire. Elle n’avait pas chassé de son esprit la future sacrifiée, mais il lui apparaissait trop important qu’il ne parte pas. Cela avait-il un lien avec sa vision ou si ce n’était que son simple désir à elle, elle ne faisait pas de réel différence entre les deux. S’il ne lui avait pas fallut courir pour le rattraper, sa main aurait accroché son bras pour le ramener vers elle, au lieu de quoi elle stagnait sur le sable encore chaud du soleil qui l’avait brûlé tout le jour à ce demander brusquement s’il n’aurait pas mieux value taire ce dernier commentaire.
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Hadjaï-Akhil Manohar
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MessageSujet: Re: La cérémonie des Trois Lunes   La cérémonie des Trois Lunes Icon_minitimeLun 11 Jan - 0:47

Les minutes qui suivirent l’arrivée sur la plage furent silencieuses. Hadjaï qui se détournait, écoutait d’une oreille attentive ses pas qui s’éloigneraient bientôt de lui pour encore une année, jusqu’à la prochaine cérémonie des Trois Lunes. S’il continuait dans cette direction, il rejoindrait en quelques dix minutes de marche, sa petite cabane de pêcheur sans avoir à repasser par le village, oubliant pour un temps toute la cacophonie du lieu. Il jeta un oeil par-dessus son épaule, pourquoi ne bougeait-elle pas? Son regard emprunta le chemin du sien pour voir ce qui la gardait si absente. Son pas s’arrêta, il se retourna pour fixer à son tour le radeau qui était calmement balloté par les vagues qui venaient mourir sur la plage. Sans un mot, il essaya de décrypter ce que son regard trahissait. Des réflexions bien loin de toutes leurs coutumes, de toutes leurs croyances et qui frôleraient le blasphème si elle osait les porter à haute voix. Devait-il ouvrir le livre de sa connaissance et le lire pour elle? Le Kuam ne craignait pas le rejet de ses semblables, il ne craignait pas l’exil, la mort l’effrayait mais il n’aurait pas lutté pour sa vie. Fâcher le peuple qui lui avait offert une nouvelle terre d’accueil n’était pas son but mais remercier le respect que la princesse lui avait témoigné en cette heure ne pouvait lui être donné que par un geste: venir détacher le radeau qui porterait en mer le cadavre d’une jeune fille que les années ne verraient pas s’abîmer.

Ses pas firent demi-tour, passant à son niveau alors qu’elle déclarait avoir déjà rêvé de lui. La révélation ne fût pas sans le surprendre. Qu’avait-elle bien pu voir à son sujet? Il continua sa marche innocente jusqu’à ce que ses pieds viennent à nouveau être baignés de l’écume des vagues. Que répondre à cette déclaration qui le balançait entre se sentir honoré et être sceptique? Sur un ton détaché qui feintait l’indifférence alors que c’était loin d’être la cas pour lui, il déclara sans un regard pour elle. Ses yeux étincelants sur la lune centrale qu’illuminait la plage avec une lumière lourde et sombre.


_ Vous avez de nombreuses visions, de nombreux villageois ont dû visiter votre esprit… En quoi est-ce important de me l’avouer?

Le Kuam se mit à genoux dénouant un à un les liens qui maintenaient le radeau aux plots de bois plantés dans le sable. Se redressant, son pied vînt pousser le radeau, suffisamment pour que celui-ci dépasse les premières vagues qui aurait pu le ramener à terre et commence à dériver vers le large. Peut-être ne réalisait-il pas encore la portée de son acte aux yeux des Kuams car il se sentait calme et apaisé en fixant l’embarcation s’éloigner. Le sacrilège qu’il avait commis, ne pourrait pas rester impuni, le pêcheur n’était pas sans savoir qu’il devrait assumer les conséquences de son acte. Après avoir commis ce « méfait », d’autres se seraient sans doute enfuit pour espérer échapper à la punition mais il continuait de fixer les reflets de l‘eau. Le radeau n’était désormais plus qu’un point à l’horizon, prêt à se faire gober par l’un des astres brillants.

Derrière eux surgirent les cris de guerre typiques de leur tribu, rameuter au bord de la plage, les guerriers accoururent pour se saisir du pêcheur. Hadjaï ne se débattit pas, on empoigna chacun de ses bras pour les immobiliser, noués, derrière son dos. La plage s’était soudainement couverte de monde. Des femmes se laissaient choir dans le sable et pleuraient la fin brutale de la cérémonie. La panique et la colère était grande dans les cœurs, on craignait l’arrivée prochaine de la Dévoreuse s‘il n‘y avait pas de vierges sacrifiées à l‘Océan. Les cris se mêlaient aux pleurs, les pleurs se mêlaient au désespoir, le désespoir à la haine… on réclamait réparation pour ce coup dans le dos. On souhaitait se débarrasser une fois pour toute du paria. Le chef était en colère, d’autant plus que cela concernait un kuam qu’il ne portait pas dans son cœur, cependant, c’était un homme réfléchi qui ne laissait pas ses bas-instincts dicter sa conduite. Hadjaï passerait la nuit emprisonné, le temps qu’il soit jugé.

Les soldats emportèrent l’homme vers les grandes cages de bambou situées en extérieur du village, près du marais. Hadjaï parvînt à faire freiner les soldats lorsqu’il passa devant la princesse. Il craignait qu’elle ne se mêle de ce que lui-même avait choisi de faire sans qu’on l’y pousse et qu’elle s’attire des problèmes pour lui. Dans un murmure, il tourna son visage vers elle.


_ Ne mentez pas pour moi.

On lui fit rapidement comprendre que ce n’était pas à lui de décider s’il pouvait s’arrêter en chemin ou non et en moins de temps qu’il ne fallut pour le dire, ses genoux puis son torse heurtèrent le sol froid de la cage dans laquelle il attendrait son jugement. Pas un regret ne venait cependant noircir son âme, s’il pouvait revenir en arrière, il aurait agit de la même manière.
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Taliane Khëvadaih
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MessageSujet: Re: La cérémonie des Trois Lunes   La cérémonie des Trois Lunes Icon_minitimeLun 11 Jan - 2:34

Elle avait du mal avec cette indifférence, bien qu’elle n’était pas pour la surprendre. Elle aurait voulut l’arrêter alors qu’il passait à côté d’elle pour lui demander silencieusement de soutenir son regard, mis elle n’en fit rien, le laissant se diriger vers le radeau qui avait occupée son esprit jusqu’alors. Elle délaissa le silence, alors qu’il défaisait lentement les cordages et qu’elle ne parvenait pas à rien faire. Ni à se choquer, ni à l’arrêter.

- Il a des rêves faciles à chasser d’un coup de vent et d’autres qui s’accrochent à votre cœur avec la force des serres de l’aigle. Il n’importe pas réellement que les destins se croisent, mais c’est autres choses lorsqu’ils s’emmêlent.

Elle trouvait insipide ce qu’elle devait dire en cet instant, alors qu’elle avait pleinement conscience de ce qu’il était en train de faire. Elle aurait dut lui commander de ne pas faire une telle chose et d’arrêter son geste. Elle c’était planté là sur la plage comme un piquet pour le dévisager alors que selon la tradition Kuam, il commettait un acte irréparable dont elle aurait dut elle-même s’occupée. Alors que ses pieds étaient encrés dans le sable, il lui semblait pourtant comprendre, autrement que ce n’était pas à elle de le faire. Était-ce là simplement de la lâcheté que de songer ainsi? Pouvait-elle laisser quelqu’un d’autre commettre un geste irréparable en se lavant les mains d’un «Ce n’était pas mon destin». Elle suivait chacun de ses mouvements, s’y attachant dans le silence et porta son regard vers l’horizon alors que le radeau était avalé par la mer sans celle qui aurait du l’habiter.

Elle n’entendait pas les cris inutiles des villageois qui arrivaient. Aucun hurlement n’aurait ramené le vaisseau avalé par la mer, comme aucun cri n’avait jamais sauvé l’une de ses femmes de la mort certaine qui les attendait sur la mer, lorsqu’au dernier instant leur courage flanchait parfois. Elle regagna la réalité et le danger de l’instant, non pas pour elle, mais pour le jeune pêcheur, lorsqu’ils se saisirent du fautif pour l’emmener à sa condamnation. Elle perdit son immobilité pour faire un geste vers lui, mais son père tourna vers elle un regard qui su la faire taire sur le coup. Elle se trouvait sur les lieux et n’avait rien fait. Cela ne pouvait échapper à son père et à sa mère. Peut-être plus tard, certains auraient aussi noter ce détail qui la rendait fautive, mais tout les regards et toute la haine n’était encore tournée que vers le jeune Kuam.

Les paroles murmurées par le Kuam vinrent frapper son esprit et s’y imprimer. Elle soutint son regard imperturbable. Elle mentirait si elle devait mentir, car deux destins qui se croisent sont une chose et deux destins qui s’emmêlent en sont une autre. Alors qu’il était emmené, la main de sa mère s’accrocha à son bras pour qu’elle décroche son attention du prisonnier et la regarde, cherchant à savoir la vérité de ce qui en était. Elle garda son mutisme, pour ne pas dire de bêtises sans y avoir songé d’abord. Mentir ou dire la vérité, là, sur cette plage, n’était pas d’une grande utilité. Elle devait s’adresser à celui qui avait le pouvoir de changer réellement les choses. Cependant une chose, un détail, s’accrochait à son esprit et lui faisait craindre tout ce qu’elle pourrait dire. La jeune sacrifiée pourrait s’attirer elle aussi les foudres si elle ouvrait la bouche et parlait trop.

Elle demeura silencieuse, remontant vers le village derrière la plupart des gens. L’attention détourné de la cérémonie, la jeune femme qui devait être sacrifiée n’avait plus la même attention sur elle. Taliane s’éloigna du groupe et approcha celle qui a une époque avait joué sur la plage, à construire un objet semblable à l’autel qui aurait du l’emmener à la mort. Elle approcha sa bouche de son oreille pour que les mots qui passeraient entre elle ne soit entendu de personne, sa main posé sans pudeur sur le ventre de la femme.


- Le chant de l’océan m’a porté un secret qu’il me sera peut-être impossible de taire. Tu seras plus coupable que lui. Ne reste pas.

Elle ne resta pas près d’elle après cet avertissement de fuir. Où pourrait-elle aller? Elle l’ignorait, mais il fallait mieux qu’elle ne resta pas. Taliane ne s’inquiéta plus d’elle, n’en aillant pas la possibilité. Elle demanda audience avec le chef, réfléchissant à ce qu’elle devrait alors dire. Son père tarda à vouloir la voir et elle soupçonna que sa mère aille dut le convaincre pour qu’elle puisse finalement apparaître devant lui. Elle ne croisa pas son regard, gardant la tête plus basse que de coutume pour ne pas affronter les yeux qui l’avaient toujours empêcher de mentir, mieux qu’un élixir de vérité ne pouvait le faire. On ne mentait pas au chef. Qui plus ait, elle savait déjà qu’elle risquait fort d’énerver son père avec ce qu’elle avait à dire. Elle aurait préféré lui en faire témoignage sans les oreilles de la moitié du village, mais tous étaient en droit de savoir et c'était en ce sens que la pensé Kuam allait. Elle s'agenouilla à quelques mètres de l'endroit où se trouvait son père et prit une profonde respiration avant de finalement porter son témoignage.

- J’ai vu, ailleurs qu’ici, dans la langue de la mer, qu’elle ne voulait pas de votre offrande. Elle la rejette sur l’île en capricieuse, car le cadeau n’était pas ce qu’elle souhaitait. La main qui provoquée votre courroux n’est pas coupable, sinon d’avoir servit le bras, plus grand et plus puissant du destin.

Le temps jouant en sa défaveur et elle prenait pourtant le temps de dire ce qu’elle devait dire, ignorant la crainte d’être coupée par l’impatience de son père.

- De coupable il n’y a pas que lui. Le premier est celui qui s’engagea trop loin dans la grotte. La deuxième est celle qui garda le silence. Le troisième est celui qui en profita pour commencer à exister. Ensuite je me porte moi-même coupable d’avoir été la voix silencieuse des caprices de l’océan. Le dernier coupable est le seul que vous avez le souhait de juger il est pourtant moins coupable que tout les autres, aillant seulement écouté et entendu la voix du destin.

Le chef n’aimait pas entendre parler du destin, depuis que sa fille était toute jeune, comme si ça n’avait été là qu’une excuse. Elle portait pourtant accusation à d’autres qu’au pêcheur enfermé et il ne pouvait l’ignorer. Elle se disait coupable d’avoir inciter Hadjaï à faire ce qu’il avait fait, et elle ne croyait pas mentir en disant cela, mais avait accusé aussi la jeune vierge de ne pas l’être (pour ceux qui aurait pas comprit la métaphore de la grotte!). Les complications que cela entrainait le mettait de mauvaise humeur, plus qu’il ne l’était déjà. Gâcher la plus belles des fêtes Kuam n’était pas une chose à faire. Un Kuam s’approcha, interrompant ce que l’un où l’autre aurait ensuite dit, pour annoncer que la jeune femme qui aurait dut disparaître sur le radeau avait disparut, mettant fin à l’idée que l’on puisse croire Taliane menteuse sur certains points. Taliane profita qu’on lui donne raison pour continuer.

- Je ne connais pas plus que quiconque ici le Kuam que vous accusez, j’implore pourtant la clémence pour lui, car si jamais vous ne pourrez en obtenir la preuve et devrai croire en mes mots simplement, son geste sauve le village de la colère de la Dévoreuse. Demain son ventre grondera de ne pas avoir été nourrit, mais l’irritation de recevoir en son ventre, un être qui portait lui-même la vie en son ventre eut été bien pire. J’ai fait entendre ma voix et porte le souhait que celle de la raison se fasse entendre de vous.

Taliane se redressa sans regarder son père, pour éviter de le mettre au défi de ne pas lui offrir ce qu’elle voulait. Elle ne voulait pas qu’il voit dans son regard que s’il refusait d’entendre raison et de proclamer son pardon, elle ne resterait pas à regarder le pêcheur gagner la mort sans rien faire d’autre. Elle porta son regard sur la cage où Hadjaï était enfermé, sans s'approcher pour ne pas que soit mal interprété un tel geste. Il était préférable qu'elle ne lui adresse aucune parole directement. Et que lui aurait-elle dit de toute façon? Elle avait épuisé les mots qu'elle avait pour les faire entendre à son père, elle qui préférait toujours le silence et n'aurait rien pu dire de plus à qui que ce soit en cet instant.
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Hadjaï-Akhil Manohar
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MessageSujet: Re: La cérémonie des Trois Lunes   La cérémonie des Trois Lunes Icon_minitimeLun 11 Jan - 5:10

Maintenant, sa vie était entre les mains du chef, il ne lui restait qu’à attendre dans cet endroit sordide quelle sentence il avait choisi pour punir son geste. Une chose était sûre, le corps des criminels n’avait pas le droit à une sépulture, il était jeté dans le marécage nauséabond à quelques mètres de la cage. Le marais était un lieu plus humide que tout le reste du territoire. La végétation épaisse gardait prisonnière l’humidité malgré la chaleur de l’atmosphère. Tout un écosystème s’y était développé, et particulièrement des moustiques dont la piqûre, non mortelle en soit, pouvait se révéler très dangereuse s’il était porteur de virus. Même les habitants habitués à la dureté de la jungle n’était pas à l’abri de l’insecte qui faisait le plus de ravages dans leur contrée. La nuit risquerait d’être longue pour le jeune pêcheur, inconfortablement installé dans cette cage, les mains encore attachées dans le dos et qui lui endolorissaient les épaules. Hadjaï-Akhil se tassa dans l’un des coins, tassant sa tête vers l’arrière et fermant les yeux, histoire de dormir un peu en attendant le lendemain matin. Ce dernier ne tarderait plus mais le jeune homme pensait aux « destins qui s’emmêlent ». Qu’avait-elle voulu dire? Il n’arriverait pas à trouver le sommeil, pas avec toutes ses pensées qui inondaient son crâne sans y être invité. Il avait à chaque fois qu’il ouvrait les yeux, son tombeau fétide qui clapotait pour lui rappeler qu’il lui était destiné. Il y’avait l’odeur putride des corps décomposés qui venait à lui déboucher les sinus à chaque bulle qui venait éclater à la surface. Sur cet archipel paradisiaque, il ne fallait pas croire que tous les Kuams étaient honnêtes. S’ils avaient la réputation d’être un peuple pacifiste, certains d’entre eux avaient déjà commis meurtres et autres délits condamnables… cette nuit, Hadjaï avait sauvé la vie d’une femme sans que cela soit son but premier pourtant il serait jugé comme un assassin.

Un bruissement de feuilles lui fit ouvrir un œil. Sûrement un guerrier qui vient vérifier qu’il ne s’était pas enfuit mais de fines mains agrippèrent les barreaux. Hadjaï ouvrit le deuxième œil et s’approcha surpris. La jeune vierge (qui ne l’était pas tant) était venu à sa rencontre et elle n’était pas venue seule. Elle était accompagné d’un homme, bien bâtit que la main dans la sienne, faisait naître en le prisonnier bien des explications. Les regards vagabonds du couple trahissait leurs inquiétudes de se faire repérer pourtant ils avaient pris le risque de venir jusqu’à lui avant de s’enfuir. La jeune fille murmura d’une voix craintive:


_ Nous sommes venus t’aider à t’enfuir… La princesse Taliane dit que tu n’es pas coupable et je crois qu’elle a raison. Je ne pensais pas que mon secret serait découvert et qu’il y’aurait des incidences pour les hommes et pour les Dieux. Je viens te demander pardon en te libérant. Puisse cela être suffisant pour l’obtenir.

Le compagnon de celle qui aurait dû voir sa vie s’achever au matin, se saisit d’un coutelas et commença à couper les cordages qui retenait la porte de la cage mais Hadjaï intervînt à la surprise générale. Visiblement, ils ne comprenaient pas qu’un homme qui allait être condamné à la mort sous peu, veuille rester prisonnier alors qu’on lui offrait peut-être l’unique et dernière chance de s’enfuir et sauver sa vie.

_ Partez!

Le jeune pêcheur n’avait pas souhaité exprimer le pourquoi il ne souhaitait pas s’enfuir. Ce n’était pas un couard et bien plus que cela, il n’avait pas le sentiment d’avoir commis un crime. S’il s’enfuyait, il donnait raison au peuple et mériterait sa punition. Son ordre fut dit suffisamment bas pour ne pas être perçu par les gardes alentours mais suffisamment fort pour effrayer les deux amoureux et leur donner l’envie de ne pas s’attarder avec lui. Le dialogue fût rompu, la jeune beauté lâcha les barreaux et questionna son apollon du regard afin de savoir quoi faire. L’homme la tira par la main et ils disparurent à travers la végétation.

De nouveau seul, il revînt sur les paroles de la jeune fille. Ainsi Taliane avait prit sa défense. Hadjaï se rappela lui avoir dit de ne pas mentir et il espérait que devant son père, elle respecterait son choix. La cage était assez grande pour contenir plus d’un coupable mais il ne souhaitait pas la voir ici avec lui. Le pêcheur espérait que le lien familial qui unissait le père et la fille jouerait en sa faveur mais il savait aussi que le chef était un homme qui ne voulait favoriser personne. Il était à milles lieux d’imaginer que Taliane était en train de jouer des pieds et des mains pour le faire libérer.


**********************************************

Au centre du village, proche de là où était étendu quelques heures auparavant la jeune vierge, une grande partie du village s’était rassemblé. L’autre moitié étant soit en train de prier devant l’Océan d’être épargné et l’autre, de préparer leurs affaires pour partir dans un autre village en plein cœur de l’île pour espérer échapper à la Dévoreuse. Le chef gardait son calme mais une grande colère l’accablait. Jamais auparavant un Kuam n’avait osé commettre un tel acte. C’était une attaque portée à tous les Kuams de l’archipel. Le chef respecté s’était absenté quelques interminables minutes dans sa tente avec sa femme et n’avait pas souhaité parler mais son épouse l’avait informé de la demande insistante de sa fille de vouloir lui parler. Il avait d’abord refusé, tenu par la peur que, présente sur la plage, elle eut eu quelque chose à se reprocher elle-aussi qui la condamnerait comme serait condamné le pêcheur.

Il finit par sortir de sa tente. Sa femme avait réussit à le convaincre d’entendre ce qu’elle avait à dire. Il se présenta les traits tendus retenant encore la colère de l’affront. Hadjaï ne méritait pas l’honneur de vivre parmi eux. Sa fille se présenta à lui avec respect. Elle ne lui crachait pas ses mots au visage comme une fille aurait pu le faire à son père et il admirait ce calme et plus encore le fait qu’elle ait le courage de parler même s’il aurait préféré qu’elle se taise pour son propre bien-être.

Le dirigeant fût choqué et abasourdi d’apprendre que la vierge sélectionnée avec soin avait réussit à passer entre les mailles du filet et avait connu l’amour avec un homme dont elle portait désormais l’enfant. Le sacrifice aurait alors été inutile et aurait gâché une vie supplémentaire dont il n’aurait jamais su l’existence. Mais il n’aimait pas entendre sa fille essayer de lui faire comprendre que le Kuam avait bien agit et qu’il n’avait fait qu’écouter la parole du destin. Ce n’était qu’un pêcheur (le pêcheur a pêché! XD) et non un prêtre religieux qui aurait su se connecter aux dieux pour comprendre leurs désirs. Il n’était donc pas convaincu par cet argument toutefois il saurait en tenir compte dans son jugement.

Un des guerriers interrompit la discussion, visiblement essoufflé. Le chef en fût outragé. Non seulement, elle les trompait et en plus elle s’enfuyait. Il leva une main ferme en direction du soldat, soupçonnant subitement que le pêcheur soit le fameux père de l’enfant et que ce fusse pour cette raison qu’il agit ainsi. Sans en être persuadé, cette possibilité lui parût probable et l’arrangeait bien car sa fille serait mise hors de cause.


_ Traquez-là et envoyez des hommes au marais surveillés la cage. Elle pourrait tenter de libérer le traître avant de disparaître.

L’homme inclina la tête et s’éloigna d’un pas rapide. Il n’y avait pas de temps à perdre. Un petit groupe de guerriers se rassembla et se dispersa à travers la jungle.

Le chef se replongea dans l’écoute de sa fille avec la même sévérité qu’au début de son discours. Elle « implorait » sa clémence et elle ne le connaissait pas. Il ne lui en fallut pas plus pour la soupçonner de s’être entiché de cet homme et cela lui arracha une moue de fureur qui n’était pas dû tant à ses paroles qu’à cette idée qui s’insinuait dans son crâne. Faisant taire les villageois qui s’entretenaient eux-aussi sur le sort à lui réserver, le chef déclara d’une voix portante afin que tous entendent.

_ Je t’ai écouté ma fille, et je t’ai entendu. La sentence pour le crime qu’il a commis est la mort… cependant, je ne peux le condamner ainsi car il nous épargne la colère des Dieux. Je vais donc le remettre aux mains du Destin et nous saurons si celui-ci veut encore de lui… Pendant 7 jours, le coupable sera attaché à un pilier et exposé au soleil sans eau ni nourriture, s’il survit c’est qu’il est protégé des dieux, s’il meurt, c’est qu’il aura laissé passer sa chance.

Le dirigeant abaissa son regard pour fixer sa fille. Il devait se montrer impartial et juste.

_ Pour ton silence que tu as toi-même mis en cause, ma fille, tu seras flageller de 15 coups de branches d’olivier… La sentence prendra effet à l’aube. Ainsi ais-je parlé!

Le chef se retourna et disparut sous sa tente, laissant la populace commenter le choix et prendre les paris sur les chances de survie du Kuam. Il s’était torturé l’esprit sur le nombre de coups qu’il infligerait à sa fille sur la place publique et devrait assumé la force avec laquelle il les donnerait. Malgré cette punition, il espérait ne pas perdre l’amour de sa fille, ni celui de sa femme.
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Taliane Khëvadaih
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MessageSujet: Re: La cérémonie des Trois Lunes   La cérémonie des Trois Lunes Icon_minitimeLun 11 Jan - 19:59

Elle n’avait pas besoin de lever la tête vers son père, pour reconnaître la fureur qui pouvait l’habiter. Ce qui traversait son esprit en cet instant elle l’ignorait, car les raisons pour lui d’être en colère étaient trop nombreuse. Elle ne laissait pas à son corps le droit de laisser transparaître ses craintes, gardant, même dans ce souci de se soumettre, sa fierté de Kuam intact. La voix de son père fit taire ceux qui parlaient à voix basse entre eux, chacun donnant son propre avis au voisin, comme si chacun se sentait capable de juger de ce qui c’était produit. La voix qui frappait à ses tympans pour lui annoncer ce qui avait été décidé, ressemblait à celle qu’il employait dans son enfance, lorsque venait le temps de la punir pour une bêtise.

La sentence était sévère et peut-être bien pire qu’une mort qui eut été rapide pour le Kuam. Le condamné n’était pas un guerrier et suivant le raisonnement juste, il ne pourrait que s’en remettre aux dieux. Elle savait quand venait le temps de parler d’injustice et quand il fallait se taire pour ne pas empirer le cas de quelqu’un. Elle avait été tentée un instant de lever les yeux et de demander une sentence plus douce. 6 jours plutôt que 7. Son statue de fille du chef aurait facilement pu lui faire faire cet affront, lui donnant l’impression qu’elle avait plus le droit qu’un autre de remettre en cause ce que le chef décidait. Elle se garda pourtant de faire quoi que ce soit, acceptant, de la même manière que ceux qui étaient d’avis qu’il doive mourir, acceptaient que ce ne fût pas le cas, sans venir montrer leur désaccord ouvertement.

Sa propre punition lui apparut presque futile lorsque son père la prononça, tant son esprit n’y était pas. Demain, à l’aube, peut-être la trouverait-elle moins légère, mais c’était égoïste que de penser ainsi. Elle aurait mérité bien pire, si elle devait considérer sa propre culpabilité. Elle resta un instant accroupi au sol, dans un profond silence, cherchant la force qu’il lui fallait pour se soumettre au jugement sans ciller. Ce n’est qu’une fois qu’elle fut certaine que lorsqu’elle se relèverait son pas serait sûr, qu’elle laissa s’échapper de sa bouche des paroles dont la sincérité n’aurait pas pu être remise en doute.


- Votre sentence est juste, père.

Elle c’était redressée sans ajouter quoi que ce soit, laissant les villageois faire de multiple pariât qui était loin d’éveiller sa sympathie, lorsqu’elle les entendait ainsi discuter. Parier sur la mort était pour elle une bassesse exécrable, mais elle n’était pas en position de commenter quoi que ce soit. Que pouvait-elle faire pour les en empêcher de toute façon? Son père lui avait attitrée une garde personnelle chargée de veiller à ce qu’elle ne s’enfuit pas, bien qu’il n’y avait pas de doute à y avoir sur la jeune princesse. Il y avait surement aussi l’absence de la jeune vierge qui forçait à la garder sous surveillance. Si la jeune femme se risquait à revenir, il y avait une possibilité pour qu’elle revienne vers Taliane.

La princesse ne savait pas ce que la jeune femme avait choisi de faire, sinon qu’elle avait disparue du village sans laisser de trace. Parviendrait-elle à s’échapper? Il n’était pas rare de croiser un jour un disparu dans un village voisin quelques années plus tard. On agissait alors comme s’il n’avait pas été reconnu et on se taisait. Si la femme trouvait un village éloigné pour l’accueillir, nul doute qu’elle serait tirée d’affaire. Cependant si elle se faisait prendre, elle aurait tôt fait de regretter d’avoir voulut s’enfuir. Le déshonneur que la fuite entrainait n’était pas une chose pardonnable pour un Kuam. Mieux valait mourir dans d’atroces souffrances que de tourner le dos à ses maux pour prendre la clé des champs. Taliane dans ce cas ne pouvait juger des coupables. Aurait-elle agit autrement si le elle avait été elle-même en cause? Et si la réponse était quand même oui, elle n’était pas ce que l’autre était.

Elle n’avait adressé la parole à celui qui devait garder l’œil sur elle qu’une fois, pour lui demander un bol d’eau qui lui fut apporté peu de temps après. Dès lors, jusqu’à l’aube, elle ne se montra pas, son esprit tournée vers le pêcheur et le sort qui lui était réservé. Elle aurait pu se contenter de savoir qu’il avait une chance et s’en remettre aux dieux. L’intérêt qu’elle pouvait porter à sa survie ne trouvait pas, pour l’œil extérieur, de raison logique. Son père, dans les déraisonnements qui accompagnait sa colère, c’était surement approché de la vérité en songeant qu’elle avait dut s’enticher de lui. Il pourrait se mettre en colère et ne se gênerait certainement pas pour le faire. Elle n’avait pas exposer se point et ne le ferait pas si lui même ne venait pas le lui demander, mais sa vie tenait plus chèrement à celle de celui qui était resté un étranger au village qu’il pouvait être logique de le croire.

Elle avait réuni dans sa tente de nombreux objets, outre le bol d’eau, quelques osselets et des pierres gravées, cherchant dans les dernières heures avant le levé du soleil, si le destin accorderait la vie au Kuam que l’on jugeait coupable. Elle avait habituellement une certaine facilité à s’ouvrir à une vision, sans avoir à aller chercher tous ses instruments peu utiles en sommes. Parce qu’elle n’avait pas la conscience suffisamment tranquille ou parce que le destin voulait l’éprouver en gardant le silence, les brides de ce que pourrait être l’avenir demeurait aussi invisible que les montagnes, les jours de grandes brumes.

On vint la chercher peu avant l’aube, pour la mener sur la place du village où elle devrait recevoir sa punition. Elle n’avait visiblement pas dut trouvée le sommeil durant les rares heures qui lui était resté avant que le soleil ne vienne poindre à l’horizon. Elle sut sans trop de mal, que la jeune femme qui eut dut être sacrifiée n’avait pas été retrouvée et elle ne pouvait qu’en être en partie soulagée pour elle. Malgré la fatigue et le pincement de crainte à son cœur, elle parvint à se forger une carapace pour se garder de perdre sa fierté alors qu’on venait attacher ses mains au dessus de sa tête, avec une certaine rudesse, suspendu à une poutre pour la forcer à rester debout malgré les coups, même si ses jambes venaient à flancher. Elle n’avait toujours pas croisé le regard de son père, son regard s’étant baissé vers le sol sitôt qu’elle en avait vu la silhouette, sachant que sa colère face à l’injustice, pouvait encore la trahir dans son regard et elle n’avait toujours aucun désir d’affronter son père, alors qu’elle devait lui donner raison et le remercier de sa clémence.

Son père lui-même se chargeait de lui donner la punition et la jeune fille savait qu’elle ne pouvait pas s’en sentir soulagé, avant même que le premier coup soit porté. Ce n’était pas par cruauté qu’il frapperait plus fort qu’un autre ne l’aurait fait, mais par soucis de ne pas apparaître indulgent sous prétexte que celle à punir était sa fille.

Le premier coup frappa son dos, manquant de lui arracher un cri de surprise, alors qu’elle c’était juré qu’aucun son ne traverserait ses lèvres. Devant les villageois qui étaient venus assistés à la sentence, celle-ci avait surement été répété, mais la carapace qu’elle c’était fait l’avait coupé de cette réalité, la forçant douloureusement à y revenir alors que le coup mettait à l’épreuve son mur d’indifférence. Le deuxième coup lui sembla le plus douloureux, alors qu’elle n’était pas remise du choc du premier, la branche venait de nouveau frapper son dos qui n’était pas habitué à subir de telles attaques. Elle se mordit l’intérieur des lèvres, demeurant dans le silence de sa dignité.

À mesure que les coups lui furent portés, le sang macula son dos et vint tacher le sol de sa couleur bourgogne, alors que retenant les cris de venir perturber le silence imprégné, Taliane ne pouvait pas retenir les larmes de douleur. Si d’un œil détaché la punition était vite terminée, pour le dos qui recevait les coups c’était autre chose. Elle n’esquissa aucun geste lorsque les coups cessèrent et il fallut quelques instants avant qu’elle ne comprenne que c’était terminé, n’aillant pas pu compter les coups sans en souffrir de chaque plus encore. Un léger vent venait rafraichir son dos humide de sang, brulant la chair à vif. Ses mains furent détachées et ses jambes flanchèrent aussitôt, n’étant pas préparé à soutenir son poids sans aide. Elle sentit les bras, ceux de sa mère assurément, venir la chercher pour l’aider à se remettre debout et la conduire à sa tente. Taliane mettait l’énergie qui lui restait à repousser cette aide au lieu d’essayer de se lever. Elle voulait qu’on la laissa souffrir seule, parce qu’elle n’avait pas le droit de souffrir ainsi. Le soleil n’avait pas finit encore de se lever que sa punition était terminé. Celle d’Hadjaï était à peine entamée encore.

Taliane s’éveilla dans sa tente, sans savoir combien de temps c’était passé. Elle avait sans doute perdu connaissance, laissant à sa mère la possibilité de l’emmenée pour soigner les blessures avant qu’elles ne s’infectent trop. La princesse pouvait compter sur sa mère pour cela et n’avait pas trop à s’inquiéter bien que l’infection était un danger potentiel à ne pas écarter. Elle essaya involontairement de se retourner sur le dos pour se lever, arrachant un gémissement de douleur entre ses lèvres. Malgré la douleur et une forte fièvre, elle se leva (elle va aller crier aux mouettes) pour gagner l’extérieur de son habitation. Le soleil était à son zénith, mais elle n’aurait pas su si c’était le soleil du même jour ou le suivant. Combien de temps elle avait pus rester dans le sommeil, elle l’ignorait et son corps lui demandait déjà de retourner se coucher.

Elle avait prit une écharpe pour couvrir ses épaules et les bandages qui recouvraient ses blessures et traversa le village d’un pas qui se voulait le plus ferme possible. Son désir de voir le jeune pêcheur et de le savoir vivant à chaque instant, remettait loin derrière ses blessures. Le soleil la narguait. Le ciel n’aurait-il pas pu se couvrir de nuage ce jour-là?
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Hadjaï-Akhil Manohar
Pêcheur
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MessageSujet: Re: La cérémonie des Trois Lunes   La cérémonie des Trois Lunes Icon_minitimeLun 11 Jan - 21:57

Le chef ne passa pas le peu d’heures qu’il restait pour se reposer l’esprit serein. S’il ne mettait pas en cause sa décision, il ne pouvait que trouver dans son amour de père, la culpabilité de devoir punir sa fille en public. Il regrettait le temps ou d’un simple coup de baguette sur les doigts, la petite fille pleurait puis venait chercher, quelques minutes plus tard, le réconfort dans ses bras en espérant que dans un câlin, il oublierait sa faute. La princesse avait bien grandi et ses pouvoirs aussi. C’était devenu une jeune femme, une belle princesse qui devrait reprendre un jour aux côté de son amant, la direction du village et dans le meilleur des cas, leur offrir un héritier mâle. Le dirigeant craignait encore cette idée qui s’était immiscer dans son esprit qu’elle puisse trouver en ce pêcheur dont on ne savait pas grand-chose, un quelconque attachement. Ça aurait été bien de trop, un pêcheur n’était pas digne de sa fille et peu importe sa force de conviction. Sa fille avait des responsabilités qu’elle ne pourrait jamais renier… le déshonneur s’abattrait sur toute sa famille si elle décidait d’abandonner le peuple pour disparaître de l’archipel comme la jeune vierge l’avait égoïstement fait. Et si son cœur de père pouvait pardonner toutes les erreurs de sa fille, jamais celui-ci ne pourrait survivre au poids d’une telle trahison.

Allongé sur sa paillasse, le chef Kuam se tourna vers sa femme, allongée à ses côtés. Elle aussi ne trouvait pas le sommeil. Ses yeux sombres guettaient la lueur de l’aube qui manquait de venir dévorer la place du village. Elle n’était pas inquiète pour la vie de sa fille, personne ne mourrait avec 15 coups de branche d’olivier mais il fallait un certain temps pour un organisme à se remettre de la douleur. Elle aussi aurait voulu demander clémence pour sa fille, certaine que si elle n’avait rien dit, c’est qu’elle devait avoir une bonne raison de le faire. Elle ignorait si elle aurait le courage de garder les yeux ouverts alors qu’elle verrait les coups lui être portés, elle ignorait si elle aurait la force de ne pas intervenir pendant la punition. A elle aussi, il lui manquait le temps où toutes ses erreurs d’enfant n’était pas grave. Elle essuya un frisson lorsqu’un rayon passa la blancheur de la toile tendue sous laquelle elle était couchée. Elle serra un pan de la couverture dans sa main alors que son époux se levait pour se rafraichir avec un peu d’eau.

Le chef suivit de sa femme apparut sur la place, peu après qu’on ait amené la princesse. Le guerrier qui avait été en charge de sa surveillance l’attacha à la poutre afin que la justice soit faite pour elle et que sa faute soit lavée. Son père tourna autour d’elle avant de se saisir du branchage souple qui viendrait à entamer sa chair. Depuis le moment où il avait franchit le seuil de sa tente, il n’avait plus le droit de témoigner la moindre hésitation. Sa main se fit ferme lorsqu’il assena sans prévenir le premier coup. Puis les autres ne tardèrent pas, inutile de faire traîner la douleur sur la durée. Le branchage fut purifier par le feu et le chef vînt à faire face à sa fille avant qu’on ne la détache. Il dit d’une voix audible afin que tous entendent et que personne ne réfute cette affirmation.


_ Par le sang que tu as versé en ce jour, te voilà lavé de ta faute! Vas-en paix mon enfant!

Le chef se retira dans sa tente alors que la jeune princesse était détachée et que tout le monde partit à sa tâche quotidienne comme un matin tout ce qu’il y’avait de plus normal. La crainte de la dévoreuse était encore dans le cœur des Kuams mais ceux qui n’avait pas fuit luttaient, armés de leurs espoirs et du sentiment que le coupable paierait de sa vie pour apaiser l’Océan. Depuis trop longtemps, on condamnait le retrait qu’il mettait entre lui et les habitants, depuis longtemps déjà on l’accablait de crime que le silence qu’il perpétuait sur sa vie avait rendu coupable. Sept jours sans eau, ni nourriture avec le soleil accablant de l’archipel, son compte était bon, il ne tiendrait pas la distance.

*********************************************

Dans le marais, Hadjaï respirait profondément, les yeux fermés, rassemblant un calme qu’il devait s’évertuer à ne pas briser lorsqu’on viendrait le chercher. Il ne savait pas ce qui l’attendait, personne n’était venu l’informer du résultat du jugement. Il ne savait ni pour lui, ni pour Taliane, mais il doutait qu’elle fût punit avec lui. A ses yeux, l’innocence de la jeune princesse ne faisait aucun doute. Elle ne serait pas mêlée à cette histoire et s’il avait pu entendre les coups de fouet de là où il était, il aurait comprit plus vite qu’il se trompait. Sa respiration calme et profonde continuait de venir narguer le clapotis du marais où glisserait son corps de paria. Les pas de quelques hommes le sortir de l’état de torpeur dans laquelle il s’était plongé. Hadjaï se mit debout, pas sans une certaine grimace que l’inconfort du bambou et les liens avaient rendu douloureux.

Dans l’empressement de commencer la punition, le garde ne remarqua même pas que la corde qui tenait la porte avait été rongée par la lame d’un coutelas. La porte s’ouvrit, emportée par son poids. Deux guerriers entrèrent dans la cage. Le pêcheur ne broncha pas, il n’avait pas envie de précipiter sa chute en faisant un pas en avant, ni de leur donner un plaisir immense en venant se terrer de peur dans le fond de la cage. Il se laissa saisir avec la même douceur amicale que lorsqu’ils avaient découvert le départ du radeau vers les mystérieuses routes de la mer capricieuse, c’est-à-dire avec une brutalité que la nuit ne semblait pas avoir apaisé. Peut-être allait-on enfin l’informer de ce qui l’attendait plutôt que de le pousser hors de la cage avec le sadisme de le faire tomber au sol et de l’y traîner jusqu’à ce que le pêcheur trouve le moyen de se remettre sur ses jambes.

La marche jusqu’au village lui avait semblé plus courte que la veille, et cela malgré le silence pesant que maintenaient les hommes entre eux. Le jeune condamné essayait de déceler dans leur regard quelques informations mais seul le dédain lui était perceptible lorsque ces derniers remarquaient qu’il les fixait. C’était une stupide comédie, à croire qu’ils n’attendaient que ça, qu’un jour le kuam leur donne une raison pour qu’ils s’en débarrassent. Hadjaï n’avait pas lé témérité d’ouvrir la bouche, trop effrayé par l’idée que sa voix cède et que toute la peur qu’il canalisait sur le chemin du village n’éclate. C’était une chose de se savoir condamné mais c’en était une autre de ne pas savoir de quelle manière.

Le petit groupe et le prisonnier passa sur la place où le pêcheur essuyait quelques regards froid qu’il chercha à éviter en déviant le regard. Le détail de la place parsemé de taches de sang encore frais ne lui échappa pas. Il marqua un arrêt brutal qui surprit son cortège. Qu’est-ce qui s’était passé? Qui avait été puni? Les jeunes fuyards avaient-ils finalement été retrouvés? Ou était Taliane? Il avait envie de la voir, elle au moins, aurait le respect de lui dire ce qui allait se passer. Il voulait revoir au moins une fois son visage amical avant de mourir. Elle viendrait! Elle ne pourrait pas l’ignorer! Il avait besoin de son visage pour pouvoir partir avec moins d’angoisse. Sa présence suffirait à apaiser ses craintes lorsqu’il devrait se présenter les mains liées au dieu de la mort.

Il arriva finalement au bout du chemin, là où devait s’arrêter son existence insipide. A l’entrée du village, devant la plage sacrée où il avait commis ce qui était jugé par les Kuams comme un pêcher mortel, se trouvait planté profondément dans le sol, un épais pilier de bois. Sans délicatesse aucune, on défit les cordages qui enserraient ses poignets pour venir le pousser contre ce dernier. Hadjaï laissa une plainte échapper ses lèvres lorsque ses bras furent repris et tirés vers l’arrière pour encercler le pilier et être à nouveau noués. On fit de même pour ses pieds, ainsi que pour son buste et son cou. Ainsi enserré, il lui était impossible de se mouvoir. Le jeune homme jeta un œil au soleil qui l’aveuglait. Exposé ainsi, il était le premier à gouté ses rayons sans pouvoir se réfugier dans un coin d’ombre car il n’y avait rien de tel autour de lui qui pourrait l’abriter, si ce n’était du sable brûlant qui chauffait déjà ses pieds nus. Il serait également le premier à savoir si la Dévoreuse arrivait et il ne doutait pas que les villageois ait choisi de cet emplacement exprès pour lui rappeler ce qu’il risquait à cause de son geste.

On l’abandonna bientôt à son sort sans lui donner plus de détails sur combien de temps il devrait rester attacher ainsi. L’arrière du crâne plaqué contre le bois, le pêcheur les suivit du coin de l’œil jusqu’à ce qu’il disparaisse de son champ de vision. Commença alors une longue attente. Hadjaï avait chaud, les cordes étaient brûlantes et le sable bien plus à mesure que les heures s’écoulaient mais rien n’était alarmant. Le Kuam avait l’habitude de travailler sous le soleil, cependant, il avait toujours l’occasion d’aller se rafraichir en nageant. Quelques gouttes de sueurs perlèrent sur son visage, sur son ventre alors qu’il essayait de desserrer ses liens pour se donner un peu plus de confort. Le kuam ne s’attendait plus à ce qu’on vienne le détacher un jour et la crainte face à l’agonie qu’il allait subir lui arrachèrent quelques tremblements de panique, qu’il était heureux de ne partager avec personne.

Vînt le soir et sa fraîcheur agréable. L’instant d’anxiété était passé mais l’envie de mourir d’une autre manière, plus expéditive, était présente. Ses premières envies de boire s’était manifesté dans le début d’après-midi et s’était un peu résorbé avec l’arrivée de la nuit et la faim ne martelait pas son estomac. La journée fût tout de même bien longue, bien plus longue que la nuit qu’il avait passé dans la cage. Le temps n’était plus le même, accroché à ce pilier mais la fatigue de la nuit passée, lui accorda le droit de s’assoupir durant quelques heures, le temps que le soleil le frappe à nouveau et que la bouche pâteuse, il se souvienne ce qu’il faisait attaché à ce morceau de bois.

Des voix encore jeunes derrière lui se portèrent à son ouïe et une belle ronde d’enfants vînt à se composer autour du pilier dont il était le pion central et la chansonnette désobligeante que les enfants avaient inventé se mêla à sa souffrance physique. Des enfants venus l’humilier pour s’amuser! Il aurait cru au moins qu’on l’aurait laissé mourir en paix. Un sale gosse vînt même à pousser l’atrocité jusqu’à vider une gourde d’eau à ses pieds sans même la boire! Si au bout d’une seule journée, le kuam pouvait encore tolérer le spectacle, il se serait effondré si ce même enfant avait eu le même geste plusieurs jours plus tard. Les heures continuèrent de s’écouler. Hadjai avait retrouvé sa solitude, les enfants étaient partis se mettre à l’abris des rayons de l’astre brûlant.
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Taliane Khëvadaih
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MessageSujet: Re: La cérémonie des Trois Lunes   La cérémonie des Trois Lunes Icon_minitimeLun 11 Jan - 23:50

Au village, les gens s’occupaient comme de coutume. Alors que le soleil était à son plus haut, la plupart des villageois avaient regagné l’intérieur de leur habitation pour ne pas souffrir des rayons du soleil et s’acquitter des tâches qui pouvaient être fait à l’intérieur. Malgré la peur de la dévoreuse, le quotidien devait continuer d’imposer sa place. Les villageois qu’elle croisa sur son chemin semblaient peu enclin à lui adresser la parole. Tant qu’ils n’auraient pas la certitude que la Dévoreuse ne viendrait pas, ils ne pouvaient pas complètement lui pardonné, peu importe la fille de qui elle était. Taliane ne chercha pas non plus à leur parler, elle n’avait pas idée de l’endroit où avait été attaché Hadjaï et n’avait que la certitude que ce n’était pas sur la place du village puisqu’une fois qu’elle y fut, elle ne vit pas la trace du pilier. Elle était fatiguée encore et ne devait pas avoir très bonne mine si elle se fiait au regard qu’on lui portait. Elle hésita à gagner la tente de son père, sachant qu’elle y trouverait probablement sa mère, mais toujours hésitante à croiser le chef des Kuam. Elle fit quelques pas dans cette direction, n’aillant pas envie de supporter trop longtemps la chaleur du soleil, lorsque sa mère se hasarda justement à sortir de la tente pour venir à sa rencontre.

Sa mère était plus préoccupée à savoir comment sa fille pouvait se sentir que de répondre à sa question silencieuse, qu’elle n’avait pas manqué de lire sur ses traits. Taliane dut se résoudre à aller rejoindre le cour d’eau qui passait près du village, en compagnie de sa mère, pour laver son visage fiévreux et les blessures. Elle protesta, souhaitant au moins savoir combien de temps elle était restée dans l’inconscience, si sa mère ne voulait pas lui dire ce qui en était de Hadjaï.


-Ça ne fait qu’un jour.


C’était un soulagement et une souffrance pour elle d’apprendre qu’un jour seulement c’était écoulé. Il y avait peu de chance pour que le jeune Kuam aille déjà quitter le monde et elle pourrait le voir vivant, certainement. Hors cela signifiait aussi qu’il restait six jours à cette épreuve et l’idée qu’il reste autant de temps l’effrayait. Si les nuages pouvaient au moins se pointer à l’horizon et faire pleuvoir, la chance serait avec eux. L’eau presque fraiche en comparaison de la température ambiante, la réveilla quelque peu de sa torpeur, lorsqu’elle s’imposa d’y tremper son visage. Elle bu à la source, se rendant subitement compte que le manque d’eau ne pouvait pas aider à son état.

Elle ne pouvait pas négliger son état ainsi, si dans six jours elle voulait avoir retrouver une énergie plus que suffisante pour veiller sur le pêcheur. Elle ne pouvait pas douter qu’il ne survive pas, malgré l’illogisme de croire qu’il serait en mesure de passer une telle épreuve. Il lui semblait pourtant que cela ne pouvait s’achever ainsi. Tout cela ne serait pas arrivé pour rien s’il devait mourir. La jeune femme qui eut dut être sacrifiée n’avait pas été retrouvé et son enfant avait une chance d’être sauvé alors que l’océan qui l’eut avalé n’aurait pas eut cette clémence de garder l’enfant vivant. Hors la chance qui lui était donné, elle, n’aurait pas eut de sens. Le destin avait voulut que ce soit lui qui laisse le bateau partir dans l’océan et il ne pouvait pas désapprouver le geste en ne le sauvant pas.

La mère de Taliane posa une main sur son épaule, pour interrompre sa réflexion, prenant soin que sa main se pose sur un endroit où la peau n’avait subit aucun coup. L’inquiétude qui se lisait sur le visage de la mère trahissait qu’elle reconnaissait en les traits soucieux de sa fille, les pensées qui devaient la traverser. Elle connaissait suffisamment son enfant pour savoir quelles idées pouvaient passer dans son esprit et avait raison de s’en inquiéter. Taliane se redressa finalement, son reflet dans l’eau lui avait révélé sa fatigue, mais elle se savait assez bien pour aller voir ce qu’une journée avait déjà pu faire comme travail, sur un homme qui devait soit disant être punit.


- Tu devrais aller dormir.

Taliane essuya le commentaire sans répondre. Sa mère pouvait s’inquiéter et son père se mettre sur sa route, elle n’irait pas regagner sa tente et attendre que six jours passent encore. Elle ouvrit la bouche pour demander encore où se trouvait Hadjaï, déterminée à en faire à sa tête pour cela, car il n’était du droit de personne de l’empêcher de le voir. Lorsque sa mère lui indiqua la plage, Taliane dut s’arrêter un moment pour ne pas laisser l’enfantine colère l’envahir. Pourquoi avait-il fallut choisir le pire endroit où le laisser. Elle n’aurait pas attendut qu’on le laissa à l’ombre des palmiers, évidemment, mais sentait sa colère de nouveau éprouver.

Elle prit la direction de la plage presque aussitôt, laissant un peu de sa colère dans chaque pas qu’elle faisait. Sa mère la suivit en silence, car il valait mieux qu’elle n’y alla pas seule. Taliane n’aurait certainement pas désobéit à son père en offrant à boire à Hadjaï, mais elle semblait prête à un peu trop de chose pour que la nécessité de la surveiller et d’avoir un témoin qu’elle n’avait rien fait qu’elle ne devait pas semblait s’imposer. Bien qu’elle n’en dit rien, Taliane fut reconnaissante de ce geste. Elle ne pourrait rien offrir à boire à Hadjaï et aurait eut trop peur de le faire car cela eut mit plus encore sa vie en péril, si la chose était possible. Au moins, sa mère à quelques pas d’elle, n’oserait-elle rien tenter, du moins probablement pas le premier jour.

Sur le chemin de la plage, Taliane croisa les enfants qui en revenaient, trop joyeux pour des gamins qui venaient de voir un enfant souffrir de l’ardeur du soleil. Elle les blâmait encore silencieusement, alors qu’au fond d’elle-même elle savait qu’elle n’aurait pas dut. Les coutumes des Kuams et leurs valeurs obligeaient qu’on le voit comme un criminel et c’était elle, au milieu de tout ses gens, qui était dans la faute, en ne le voyant pas ainsi. Il y avait toujours eut une crevasse entre elle et son peuple et malgré ses tentatives pour le rejoindre, elle sentait aujourd’hui le gouffre prendre de plus en plus de place. Essayer de l’emplir n’avait peut-être servit à rien. Elle attacha son regard sur ces enfants qui s’éloignaient et ne retourna son regard vers la plage qu’une fois qu’ils eurent disparus.

La chaleur avait fait se vider la plage et le regard de Taliane ne pouvait que se poser vers cette forme qui s’imposait au milieu de ce minuscule désert. Le spectacle lui brulait douloureusement le cœur et elle n’eut même pas imaginé qu’on avait pu ne même pas lui faire part de ce que devait être sa condamnation. Elle laissa sa mère en retrait derrière pour s’approcher du corps du pêcheur, reformant une carapace invisible pour ne pas se choquer d’un spectacle qui en aurait laissé tant d’autre de glace.

Elle s’agenouilla devant lui, coupant des rayons du soleil, le visage de l’homme. Quelques secondes suffisaient à ce que son dos, toujours couvert d’un châle, ressente les brûlures du contact cuisant du soleil et elle n’aimait pas à imaginer qu’il était là depuis beaucoup plus longtemps qu’elle. Elle essayait de ne garder loin d’elle le sentiment de pitié, qu’il ne s’impose pas sur son visage, mais ses doigts eurent du mal à ne pas le défaire de cette corde à son cou qui abîmait sa peau et n’était d’aucune utilité pour le maintenir à son pilier, sinon d’être une souffrance de plus. Sa main vint caresser sa joue doucement, n’osant pas trop toucher sa peau brûlée, mais ne pouvant s’en empêcher comme pour vérifier qu’il était toujours réellement vivant.


- J’aurais voulut venir avant…

Elle ne savait que lui dire et sa voix trahissait qu’elle culpabilisait de ne pas avoir gagné la plage la veille. Elle sentait la présence de sa mère non loin, sans lui accorder un seul regard, qui était une sorte d’invitation à ne pas tarder. Il ne serait pas bien vue que la princesse demeure trop longtemps près de cet homme après avoir plaidé sa cause et elle donnerait rapidement raison aux tourments de son père. Pourtant elle ne se voyait pas retourner chez elle à présent, quand bien même elle devait s’attirer les foudres des autres. L’image de cet homme attaché chamboulait son esprit et la perdait dans une déraison qu’elle devait contrôler pour ne pas causer d’ennui dans cette inconscience. On ne pouvait manquer de remarquer que le corps de Taliane se plaçait devant l'homme de manière à ce que les rayons du soleil vienne frapper le moins possible sa victime imposée.
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Hadjaï-Akhil Manohar
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MessageSujet: Re: La cérémonie des Trois Lunes   La cérémonie des Trois Lunes Icon_minitimeMar 12 Jan - 1:49

Le soleil frappait dur sur son crâne et l’effort pour garder pied avec la réalité lui coûtait quelques bribes d’une énergie qui allait en s’amenuisant. Le bruit de vaisselle, les odeurs de nourriture que le vent lui portait, le son des vagues sur la plage devenait une torture que son cerveau traitait encore avec raison. Il n’était pas homme qu’on peut tenir loin de l’Océan, il avait besoin de sentir l’eau iodée caresser sa peau. Le condamner à la noyade aurait été une sentence qui a son sens, l’aurait traité avec plus de respect et d’humanité mais il ne fallait pas oublier la dureté de la justice Kuam. Un peuple de paix mais qui condamne avec sévérité ceux qui ne respectent pas la vision millénaire que les sages ont établis pour eux afin de garder dans l’archipel, la cohésion et la fraternité. Les troubles-faits qui nuisent à cette entente mutuelle en subissent les conséquences. Dans tous les paradis terrestres, il y’a le revers de la médaille. Ainsi était celui de l’archipel des 100 sirènes. Les blancs ne croiraient jamais cela s’il l’entendait… pour eux, c’était un Eden, une terre d’accueil qui donnait tout ce don un homme avait besoin. Les femmes y étaient magnifiques, les hommes accueillants, les enfants naissaient plein de vie. On ne pouvait rêver mieux et les histoires qui parcouraient le monde, contées dans des auberges, à des enfants, dans le coin de page d’un vieux carnet de pirates alimentaient la légende de la terre créée et régit par les dieux. S’ils avaient eu vent de cette histoire, les « dieux » en question auraient semblé bien cruels.

Hadjaï déglutit avec difficulté, sa langue collait à son palais sec. Ses lèvres commençaient d’ores et déjà à gercer et sa peau hâlée de soleil avait d’ores et déjà atteint une teinte supérieure. D’ici quelques jours, sa peau ne pourrait plus bloquer les UV qui l’inondaient et les brûlures s’intensifieraient pour le défigurer temporairement, jusqu’à ce qu’il reçoive les soins nécessaires. Cependant, ne pensant pas y réchapper, veiller à sa guérison semblait une idée totalement absurde. Ses yeux illuminés de lumière tout le jour voyait des centaines de petites lucioles blanches danser devant lui lorsqu’il ouvrait les yeux à la nuit tombée. Il ne savait comment protéger sa rétine de ce soleil de plomb, même les paupières closes, il craignait de finir par perdre la vue. Il ne pouvait pas laisser la nuit éternelle commencer par son regard sans avoir pu regarder une dernière fois dans les yeux de la princesse. Dans son regard, il lisait ce que personne d’autres ne lui faisait comprendre. Ce n’était pas un rebus pour elle, il faisait partit de son destin, ce fameux destin qui s’était emmêlé. En trois ans, il ne s’était jamais attardé au village durant les fêtes et voilà qu’il lui avait suffit d’une fois pour se retrouver attaché à un pilier et offert à une brûlure dévorante.

Le crissement du sable l’informait qu’on venait à nouveau. Il lui vînt l’envie de crier qu’on le laisse tranquille. Il n’avait pas besoin de spectateur pour passer le temps. Il l’aurait fait si parler ne s’était pas avéré aussi difficile quand on a plus de salive. Que les gens qui arrivaient soient simplement venu se promener avec toute l’innocence possible sur la plage ne l’intéressait pas. Même attaché sur ce pilier, il restait cet éternel bougon qui mettait de la distance entre son monde et les autres et puis le temps passé n’avait pas encore totalement éteint sa fierté.

La forme qui se présenta à son regard ne fût pas très précise, il discernait quelques couleurs mais ses yeux lui jouaient des tours derrière ses paupières semi-closes. Une ombre vînt à couvrir son corps sans qu’il ne ressente grande différence tant son corps bouillait de l’intérieur. Il resta silencieux, la respiration haletante et désireux de voir les inconnus s’en aller. Le contact réveilla sa peau brûlante qu’il témoigna d’une plainte colérique mais si sa vue était trompé, son ouïe était intacte et cette voix, il la reconnu dès le premier souffle. Un soupir d’apaisement s’extirpa involontairement de ses lèvres. Il était heureux de la sentir près de lui. Son visage abîmé afficha un sourire douloureux mais sincère qu’il ne lui aurait peut-être jamais témoigné en d’autres circonstances. Peu importe d’abaisser l’armure de sa fierté puisqu’il devait mourir les jours prochains. Elle aurait au moins le souvenir de l’avoir vu sourire. Il avait tenu bon pour elle, maintenant qu’elle était venu il pourrait commencer à se relâcher, ignorant que sa torture était temporaire. Il ne put articulé qu’une phrase aux mots mâchés.


_ Va-t-en… ton père… problèmes.

Il ne voulait pas qu’elle souffre à cause de lui, incapable de se rendre compte que c’était déjà le cas. Il ne pouvait élever la voix pour la faire partir loin de lui mais il fallait qu’il protège la seule personne pour qui, il avait encore envie de se battre, la seule qui donnait un peu d’importance à ce qu’il était. Hadjaï ferma les yeux et se refusa à parler, feintant d’avoir perdu connaissance pour qu’elle décide de s’en aller.

Le deuxième jour ressembla au premier mais la faim commença à le tirailler avec plus d’intensité, il fit face aux premières crampes d’estomac qu’il dût assumer sans pouvoir se débattre. Les vertiges dû au soleil provoquèrent les premières pertes de conscience mais qui avait le mérite de lui faire oublier les quelques dizaines de minutes qu’elles duraient, son mal-être. La journée s’acheva avec d’intenses maux qui réapparurent dès le 3ème jour pour ne finalement, ne plus le quitter. Le 4ème jour, fut mouvementé par des hallucinations continuelles et des plaintes étouffées. Hadjaï craquait, il n’en pouvait plus d’avoir mal, d’avoir faim, d’avoir soif, d’être brûlé… il voulait en finir, s’il avait pu desserrer les liens qui maintenaient son cou contre le pilier, il aurait frappé l’arrière de son crâne en une succession de coups jusqu’à ce qu’il en décède. Le soleil de plomb accablait son corps tout autant que son esprit qui glissait peu à peu vers la folie. La fin du 5ème jour, le pêcheur n’avait plus aucune énergie, il avait dû perdre quelques kilos, était totalement déshydraté et ne semblait plus être capable de sortir de sa bulle de souffrances. Affaisser contre le bois, son cœur commença doucement à ralentir. L’agonie allait s’arrêter, enfin! La nourriture, il pouvait s’en passer mais il avait besoin d’eau! En quelques minutes, le ciel se couvrit de nuage gris et le vent se leva. Un bruit sourd déchira le ciel, ramenant Hadjaï à lui et le cumulus qui recouvrait le village se perça, déversant des litres et des litres d’eau.

Les premières gouttes qui percutèrent son corps furent douloureuses mais ignorant le cordage qui lui arrachait la peau du cou, le prisonnier essayait de lever la tête pour pouvoir attraper les grosses gouttes qui se déversaient sur la plage et les environs. Jusqu’au septième jour, rien ne pu arrêter la pluie et à l’aube du 8ème, fin de la sentence, la pluie cessa doucement et on entendit à nouveau la jungle se charger du chant des oiseaux alors que le soleil apparaissait, illuminant un imposant arc-en ciel. Il était peu courant de voir la pluie à cette période brûlante de l’année mais rien n’était impossible en terre Kuam.
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Taliane Khëvadaih
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MessageSujet: Re: La cérémonie des Trois Lunes   La cérémonie des Trois Lunes Icon_minitimeMar 12 Jan - 4:57

Il faisait peine à voir, mais son sourire mit un baume sur la souffrance de Taliane, à le voir ainsi. Ce n’était pas l’instant de s’interroger sur les liens qui unissaient deux êtres, lorsque l’un d’eux étaient mourant et pourtant le sourire douloureux qui s’afficha sur son visage les liaient en un mince fil invisible qui se mêlait à d’autres. Il ne pourrait pas mourir, pas encore et bien que toute femme saine d’esprit aurait cessé de se faire l’illusion que l’homme survivrait, Taliane ne pouvait chasser cette idée qui s’imposait à son esprit. Elle aurait voulut le serrer contre elle et rester jusqu’à ce que les jours s’achèvent, mais les quelques mots qui s’extirpèrent de ses lèvres et qu’elle dut deviner plus qu’elle ne les entendit, étaient plus sages qu’elle-même. Elle ne l’écouterait sans doute pas, mais elle savait qu’à ce rythme, en peu de temps il n’aurait pas même conscience de sa présence. Décidant de le calmer sur ses intentions et qu’il ne se perturbe pas l’esprit de sa présence, elle fit mine de s’en aller. Avant de se lever, elle lui parla doucement, lui donnant sans savoir qu’il l’ignorait encore, l’indice de ce qu’était sa sentence.

- Six jours à tenir, Hadjaï et nul astre ne pourra plus brûler les liens qui s’emmêlent.

Sa mère regardait l’horizon, faisant mine de ne rien avoir entendu, bien que les mots n’avaient pas réellement pu lui échapper. Taliane se redressa, ses doigts laissant la peau sèche de sa joue brûlée. Elle se recula de plusieurs mètres sans le quitter des yeux et vint s’asseoir sur la plage sans dire un mot, effaçant sa présence au pêcheur qui ne semblait pas avoir suffisamment conscience de ce qui l’entourait pour noter qu’elle était là. Ou du moins s’il était assez conscient de sa présence, ce n’était qu’une question de temps pour que le soleil lui fasse oublié tout ce qui existait d’autre. La fatigue la travaillait cependant et si la résolution de s’occuper de lui lorsque l’aube se lèverait au huitième jour voulait se concrétiser, elle ne pouvait pas elle-même mourir au soleil. Elle se redressa au bout d’un moment, au soulagement de sa mère qui eut craint un instant de devoir aller chercher quelqu’un au village pour la ramener. Elles retournèrent vers le village, la princesse faisant un effort insoutenable pour ne pas se retourner où s’accrocher au bras de sa mère pour marcher.

Gagnant sa tente avec l’amer envie de retourner sur la plage, elle devait plutôt se reposer, ce qu’elle ne fit pas, évidemment. Elle avait beau essayer de ce convaincre de gagner un instant son lit, la fièvre l’emmenant surement en déraisonner, comme les images gravés dans son esprit, de cet homme attaché à son pilier. Elle farfouilla dans ses étagères à la recherche de quelques plantes. C’était peut-être vain et désespéré en un sens que de déranger les dieux qui avaient autre chose à faire que d’écouter une princesse, mais elle se refusait à laisser passer un seul geste qu’elle eut put faire pour donner une chance à son Kuam. Les superstitions Kuam n’était pas sans moyen de faire tomber la pluie et si Taliane doutait de certaine tradition, elle ne doutait pas que la terre était à l’écoute de ceux qui l’habitait. Il n’était peut-être pas nécessaire de jeter à la mer des femmes pour communiquer nos désirs, mais elle acquiesçait aisément à d’autres pratiques que les chamans avaient coutumes d’utiliser et elle comptait bien appeler les nuages à venir avant la fin d’une interminable semaine.

Elle ne pouvait guère passer beaucoup de temps, sans passer par la plage. Demeurant toujours à distance raisonnable pour ne pas qu’il l’oblige à repartir, même si elle aurait certainement pu s’asseoir à côté de lui sans qu’il le note. Témoin de sa souffrance à chacune des heures qui passaient, elle avait la décence de choisir un endroit ombragé lorsque le soleil était trop cuisant, bien qu’elle s’en sentit coupable à chaque fois, se rappelant toujours qu’elle rachèterait cette faiblesse en le veillant lorsque ce serait terminé. Par empathie, elle souffrait de le voir plonger dans son délire. La souffrance physique devenait une souffrance mentale et c’était un horrible spectacle. Ce n’était plus la peine de chasser les quelques curieux des premiers jours. Les Kuams ne s’attardaient plus sur la plage, lorsque le Kuam brisait le charme des lieux en venant geindre sur son sort. La présence continuelle de Taliane les rendaient aussi mal à l’aise. Il n’y avait pas que sa mère qui était venue lui dire de rentrer, mais chaque fois que quelqu’un venait essayer de l’éloigner contre son gré, le recul qu’elle avait creusait étrangement le fausser entre eux.

Elle était à l’image que voulait avoir les Kuam, ouverte et sincère. Hors elle devait se rendre compte qu’elle avait peut-être eut tord de croire que son peuple était réellement ainsi. L’acharnement qu’il mettait à mépriser cet homme entrait en contradiction avec ce qu’on avait voulut lui inculquer, sans qu’elle ne comprenne exactement où était l’erreur dans tout cela. Les blessures sur son dos cicatrisait au fur et à mesure que les profonde blessures de son enfance se rouvrait et qu’elle recommençais à chercher, les yeux river vers l’océan lorsque la nuit venait apaiser un peu les souffrance de son Kuam, ce pourquoi elle était rester là, alors que d’autres partaient sans se soucier de la place qui leur était naturellement due pour écouter les voix du destin.

Être resté n’avait qu’une logique: être là, près de lui aujourd’hui, prier les dieux que la pluie tombe pour lui pour qu’il survive et ne la quitte plus. Lorsqu’elle retraversait le village pour retourner à sa tente, elle se rappelait pourtant avec amertume de sa place au sain du village et plus que lorsqu’elle était jeune, on lui reprochait de refuser d’être ce qu’elle devait être, seulement parce qu’elle se souciait d’un homme qu’eux n’arrivaient pas à accepter. Son père n’était pas resté sans savoir qu’elle passait beaucoup de son temps à aller près du pilier, mais elle n’avait eut que des remontrances par personne interposé. Sa mère se mettait entre eux, plus habile pour parler à sa fille que ne l’était le chef et plus habile auprès du père de Taliane que ne l’était la jeune princesse. Au fil des jours la tension montait et son père ne pouvait que souhaiter la mort de cet homme qui mettrait fin è ses ennuis avec la princesse.

Au cinquième jour, lorsque le ciel se couvrit de nuage, les regards surprit virent arriver cette pluie inespérée qui ne ravissait que le cœur de Taliane. Elle se garda de montrer le soulagement de son cœur, mais ne pouvait cacher l’éclat de ses yeux. S’il pleuvait suffisamment longtemps, elle pourrait réellement apaiser son cœur. Elle ne doutait pas que l’orage finirait par éclater aussi entre elle et son père, mais elle ne savait pas encore comment s’adresser à lui. Il y avait des choses qu’il refusait de comprendre, comme n’importe quel autre père surement et elle ne voulait pas avoir le temps pour cela.

Avant l’aube du huitième jour, Taliane était déjà levée, trempé jusqu’aux os à cause de la pluie torrentielle, elle n’attendait que l’instant où l’aube se lèverait pour que le pêcheur soit libéré. Elle craignait que son père, malgré son indéniable sens de la justice, change d’avis au dernier instant. Elle n’avait d’yeux que pour son Kuam dont, elle le savait, la vie ne tenait qu’à peu de chose malgré la pluie. Sur la plage, elle attendait, narguant sans s’en rendre compte, son père lorsqu’il arriverait pour libérer le prisonnier. La pluie semblait pourtant l’alliée naturelle de la princesse, lorsque le chef descendit faire la plage pour que soit détachée l’homme, elle s’arrêta presque aussitôt, comme si elle n’avait attendu que le moment où Taliane pourrait prendre le relais, pour laisser le soleil revenir.

Son père s’arrêta à plusieurs mètres du pilier, constatant ce qui lui avait été rapporté : que le Kuam était toujours vivant, ainsi que la présence de sa fille. Elle ignorait à quel point il devait être furieux de la situation et l’endroit ne prêtait guère à la remontrance. Elle avait évité sa présence et aucun des deux ne l’ignoraient. Ce n’était cependant pas quelque chose qui eut dut être réglé devant les villageois et la distance que Taliane c’était imposée durant les derniers jours, excluait qu’on l’accuse de quoi que ce soit. L’homme de parole leva la punition avec amertume d’un bref:


- Les Dieux ont parlé. Détaché le.

On s’exécuta sans faire attention outre mesure à détacher le Kuam sans le faire souffrir. Taliane gardait les yeux au sol pour réprimer le dégout que ce traitement lui inspirait. Personne ne s’attarderait pour l’aider à regagner sa demeure et si l’exploit d’avoir survécu était une chose qui devrait imposer le respect, nul n’en témoignait. La princesse laissa les gens s’éloigner avant de venir s’approcher d’Hadjaï, partagé entre sa colère vis à vis de ses gens et son bonheur de voir s’achever cette torture. Elle se pencha vers lui pour l’aider à se relever en l’obligeant à prendre appuie sur elle, remontant jusqu’au village jusqu’à chez elle, évitant de voir qui que ce soit d’autre que son Kuam. Si l’homme venait parfois à s’appuyer inconsciemment sur les blessures encore sensibles sur son dos, elle se gardait bien d’en souffrir de quelque manière que ce soit et n’en souffla pas mot.

Elle entra dans la tente, l’emménagement laissant croire qu’elle n’avait pas été sans se douter que personne n’aurait l’amabilité de le ramener chez lui après que ça faute aille été pardonné. Une bouillis de plantes et de poissons qui avait pour seul mérite d’être facilement digérable pour un estomac fragile, mais qui, pour les qualités culinaires, avait depuis toujours fait le cauchemar des enfants malades qui ne pouvaient rien avaler d’autre. Un bol d’eau qu’elle avait recueillit avant de partir attendait sagement sur une table basse tressée et elle avait nettoyer les traces des rituels auxquels elle c’était adonnée au cours de la dernière semaine. Elle laissa Hadjaï se coucher sur sa couche, s’empressant d’approcher le bol d’eau de ses lèvres pour qu’il puisse s’y abreuver. Si les pluies n’avaient pas manqué, il avait pu être difficile dans sa position de s’abreuver suffisamment et s’il manquait encore d’eau il ne pourrait décemment rien avaler.


- Tu crois que tu arriverais à manger?

Ses yeux ne le quittaient plus et sa triste mine n’empêchait pas son désir de le toucher, bien qu’elle s’en garda bien pour ne pas faire souffrir sa peau meurtri. Elle couvait sur lui un regard tendre qui faisait douter qu’elle le connaissait à peine de vu dix jours plus tôt.


Dernière édition par Taliane Khëvadaih le Jeu 14 Jan - 19:33, édité 1 fois
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Hadjaï-Akhil Manohar
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MessageSujet: Re: La cérémonie des Trois Lunes   La cérémonie des Trois Lunes Icon_minitimeMar 12 Jan - 18:42

Depuis qu’il savait de la bouche de la princesse, que la sentence était temporaire, Hadjaï avait retrouvé un semblant d’espoir, il essayait de tenir en comptant les jours mais ses pertes de raisons partiels sous le soleil, l’empêchèrent de bien calculer. Lorsqu’il reprenait conscience, il ne savait plus vraiment combien de jours ni d’heures, il avait passé, si c’était le soir ou le matin. Le pourquoi de sa présence ici lui échappait parfois, alors qu’il ne se souvenait plus qui il était et qu’il voyait des formes étranges donner un balai sur la plage. Il aurait fallut moins que ça pour un homme pour qu’il se fasse traiter de fou. Dans un monde à part, une bulle close où se mêlait agonie, angoisses et attentes, il ne se rendait plus vraiment compte de la présence ou non de visiteurs sur la plage. Lorsqu’ils sentit plusieurs paires de mains se poser sur sa peau, il réalisa enfin! Et c’était Taliane qui mettait un terme à cette longue attente. Il ne prêta pas beaucoup d’attention à ses mots mais bien plus au fait qu’elle se trouvait encore là aujourd’hui. Les deux jours de pluie n’avaient pas été de trop pour rafraîchir sa peau et lui redonner conscience de ce qui l’entourait pour sentir à chaque nouvelle journée qui s‘achevait, une présence silencieuse qui lui envoyait par un lien invisible de la force et du courage pour vivre un jour de plus.

Peu importe la brutalité avec laquelle les liens étaient retirés de sa peau. Le Kuam sentait l’énergie de la libération. Il fêta cette renaissance en inspirant bruyamment l’air humide qui l’entourait lorsque le cordage n‘appuya plus sur son thorax. Il était las. Ses bras tombèrent ballants le long de son corps alors que les cordes quittaient ses poignets, sa tête fit de même et lorsqu’on eut finit de retirer le plus gros cordage qui tenait son buste, il s’affaissa, prenant à peine le soin de s’accrocher aux homme venus le dégager de son poteau de condamné, ses doigts n’ayant pas encore retrouvé toutes leur autonomie. La fatigue était ardente. Il avait dormi tout au plus 10 heures en une semaine et ses pertes de conscience l’avait plus éreinté que reposé mais c’était terminé et les nerfs se relâchèrent faisait naître en son soulagement, qu’il n’aurait pu décrire à personne, des tremblements répétés dans tout son corps. Le grelottement s’estompa et le pêcheur demeura silencieusement couché sur le sable tandis qu’on l’enjambait pour rejoindre le village. Le jeune homme leva les yeux devant lui, mais n’envisageait pas le temps qu’il faudrait pour qu’il arrive à se traîner jusqu’à chez lui. Il n’était pas encore tiré d’affaires visiblement… mais cela était sans compter sur l’aide de la princesse. Cependant il fût comme une bête morte pour ses épaules malgré les efforts du Kuam à lui faciliter la tâche en s’appuyant sur ces pieds brulés par le sable de la plage. Le sang commençaient à circuler normalement dans ses membres apportant quelques fourmillements dans le bout des doigts et des pieds.

Le Kuam levait parfois les yeux vers le chemin qu’elle leur faisait prendre pour se réaliser qu’ils entraient dans le village. Hadjaï tressaillit, il ne voulait pas leur donner une autre occasion de le malmener ou de l’humilier. S’il acceptait la punition qu’on lui avait infligée, il n’excusait pas le manque de respect dont il avait été la victime. Il baissa le regard pour n’en croiser aucun, il lui faudrait encore un peu de temps pour recomposer sa carapace, brisée sous le flots d’injures, et nier se sentir atteint par les prochaines qui fuseraient. Comme Taliane, ils avaient beau avoir payé pour leur faute, on effaçait pas aussi facilement l’ardoise. Il faudrait qu’ils accomplissent quelque chose de plus grand et bénéfique pour capter un regard neuf sur eux. Le chef du village le savait d’ores et déjà et songeant à une idée qui lui permettrait de faire une pierre deux coups, effaçant définitivement la faute de sa fille et l’éloignant dans un même temps du pêcheur, il songeait à lui présenter des guerriers du village voisin. Il y avait des hommes très bien à ce qu’on disait. Taliane finirait bien par tomber sur un homme qui ferait battre son cœur à l’unisson du sien. Elle finirait par l’oublier.

Le jeune homme eut un mouvement de recul lorsqu’elle l’invita à s’engager dans sa propre yourte (ça va Arlhée, tu tiens bon?) mais son geste s’éteint dans le sien, portés dans le poids de leur corps qui s’inclinait pour entrer. Le Kuam se laissa allonger, se rappelant subitement à quel point cette position pouvait être agréable. Il attrapa sa main pour l’accompagner à déverser l’eau dans sa bouche pour l’avaler avec une telle avidité qu’il manqua de s’étouffer, mais ne pouvant s’empêcher de maintenir sa main sous le bol de peur qu’elle ne l’éloigne avant qu’il n’eut finit. Hadjaï laissa son crâne retomber en arrière, les yeux clos… Cela faisait une semaine qu’un tel afflux d’eau n’avait pas parcouru sa gorge. Il lui avait été difficile de capturer sur sa langue plus que quelques gouttes de pluie à la fois lorsque l’orage avait éclaté.

La princesse avait à nouveau toute son attention lorsqu’elle parla de manger. Il se tourna sur le côté, n’arrivant pas à redresser son buste pour s’asseoir sur la couche. Clignant des yeux pour se garder éveiller, il lui fût plus facile de parler maintenant que sa gorge avait été apaisé par la fraîcheur de l’eau. D’une voix faible mais bienheureux d‘être toujours de ce monde, il acquiesça:


_ Je suis affamé…

Ses yeux se posèrent un instant sur l’ombre qui lui apparut derrière la toile blanche de l’entrée et cette main de femme qui vînt à le soulever pour laisser sa fine silhouette qui n’était pas sans rappeler celle de Taliane, entrer. Elle ne sembla pas surprise de voir Hadjaï dans sa tente et se contenta de poser une jarre pleine d’eau à l’entrée avant de disparaître en faisant un discret sourire entendu à sa fille. Elle ne vînt pas perturber son bonheur de le savoir en vie en lui apprenant que son père projetait de la marier à un guerrier du village de l‘île voisine.
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Taliane Khëvadaih
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MessageSujet: Re: La cérémonie des Trois Lunes   La cérémonie des Trois Lunes Icon_minitimeMar 12 Jan - 22:27

Connaissant la fierté des Kuam, Taliane n’était pas sans ignorer qu’en traversant le village ainsi, devant les regards des villageois qui s’occupaient à l’extérieur de leur demeure, Hadjaï devait en souffrir s’il en avait conscience. Elle n’aurait pas pu le laisser pour autant sur la plage, sous prétexte que son honneur pourrait être blessé autant que son corps. Ne pouvoir marcher la tête haute et surplomber les regards pour montrer que tout cela ne nous atteignait pas, était un coup bas. À elle, on lui avait laissé le droit de ne pas perdre sa fierté, en lui donnant une punition que son corps pouvait supporter. À lui on n’avait pas laissé cette chance et s’il n’avait pas survécu, le jeune Kuam serait mort sans même avoir pu garder sa dignité. Hors sa survie et le message des dieux qui commandaient au peuple qu’ils lui laissent la vie sauve, lui en redonnait une partie si aucun ne voulait l’avouer. Pour Taliane son Kuam ne pouvait être indigne, par le courage dont il avait eut besoin pour rester en vie, par les gestes qu’il avait posé sachant ce que cela signifiait. Si son père l’ignorait encore et refusait de le voir, nul n’aurait jamais le cœur de la princesse sauf lui.

Ignorant encore les intentions de son père, elle ne fut pas troublé par cette annonce qui ne l’aurait sans aucun doute pas beaucoup réjouit. Elle n’était pas sans savoir que son père finirait bien par vouloir la voir épouser l’un de ces guerriers qui n’avait jamais éveillé en Taliane que des sentiments insipides et sans valeur. Qu’il déciderait de précipiter les choses à cause de cet événement était un raisonnement logique, mais auquel son esprit ne se préparait pas, trop occupé à veiller sur son Kuam pour songer réellement à l’impact de ses gestes. Son père était en colère, mais cela lui passerait. Elle lui ferait entendre raison ou du moins serait-il obligé d’entendre raison s’il ne voulait pas perdre à jamais sa fille. Elle laissa Hadjaï s’abreuver de l’eau qu’elle lui offrait, comme un mourant qui s’abreuve de la vie, esquissant un geste de recul lorsqu’il sembla s’étouffer, mais que sa main sur la sienne empêcha de terminer. Se contact l’éprouvait plus que d’avoir sentit son corps entier contre elle lorsqu’il l’avait ramené sur la plage une semaine auparavant et elle n’aurait pu se soutirer à cette emprise qui n’avait rien à voir avec la force physique qui était employée.

Elle déposa le bol vide sur la table, fixant les yeux clos d’Hadjaï qu’elle aurait voulut voir se rouvrir de tout l’éclat de la vie, sans ignorer que cela ne risquait pas d’arriver aujourd’hui. Elle se demanda un instant s’il ne c’était pas endormie, sa réponse mettant un temps à venir traverser ses lèvres asséchées par le soleil. Elle le brusquait certainement, alors qu’il venait de narguer la mort une semaine durant. La réponse vint pourtant, dans un souffle qui lui demandait certainement plus d’effort que l’on pouvait l’imaginer. Elle entendait sa voix depuis la première fois depuis qu’il lui avait demandé de partir. Du moins entendait-elle la voix du pêcheur, qui n’avait rien à voir avec les gémissements et les plaintes qui avait hanté la plage des jours durant.

Sa mère entra alors qu’elle s’empressait d’aller chercher dans le chaudron, la bouilli qu’elle s’excusait silencieusement de sembler un si amer repas, alors qu’un ventre affamer aurait surement le souhait de quelques nourritures au goût plus raffiné. Un estomac qui n’avait rien tenu depuis une semaine entière ne pouvait cependant pas s’emplir de n’importe quoi et elle doutait même que ce repas réussisse à rester dans son ventre jusqu’à la digestion. Elle répondit au sourire de sa mère, la remerciant d’un hochement de tête de l’aide qu’elle lui apportait, sans savoir à quel point elle pouvait trouver en sa mère l’écho d’un encouragement à s’engager dans cette voie que la naissance ne semblait pas vouloir lui destiner. Sa mère cherchait surtout le bonheur de sa fille, mais elle risquait de s’engager dans une voie dangereuse.

Taliane détourna le regard lorsque sa mère eut quitté les lieux et faisant comme avec le bol d’eau, elle le tendit aux lèvres d’Hadjaï, tenant cette fois le bol d’une main et posant sa main derrière son crâne pour l’aider à se maintenir dans une position où il pourrait essayer d’avaler quelques chose. Ayant vu la vitesse à laquelle il avait fait disparaître l’eau, elle craignait qu’il ne s’étouffe en voulant manger trop vite. La soif était une douleur plus forte que la faim, mais il était sans doute facile de vouloir en prendre plus que ce qu’un corps pouvait supporter rendu à cette étape. Elle inclina le bol, avertissant d’abord:


- Ne va pas trop vite.

Elle le laissa manger ce qu’il croyait être capable de prendre, menaçant toujours cependant de lui enlever le bol s’il menaçait encore une fois de vouloir en prendre trop vite. Elle l’invita encore à boire un peu avant de le laisser se reposer enfin. Il était exténué et il lui fallait trouver le sommeil maintenant que le manque d’eau était moins puissant. Alors qu’il dormait elle en profita pour tremper dans une bassine un morceau de linge et entreprit de laver sa peau souillée par les intempéries. Si dès que la forme le lui permettrait une baignade aurait mieux laver son corps de toute cette saleté, elle pouvait au moins en enlever la plus grande partie le temps qu’il puisse se lever pour gagner la source près du village sans qu’elle ne craigne qu’il s’effondre avant d’y arriver. Elle prit soin de nettoyer le plus doucement et le plus consciencieusement possible son visage que le soleil et le sable de la plage avait particulièrement abîmée et qui le rendait presque méconnaissable, lorsque ses yeux étaient clos.

Taliane ne semblait pas très encline à s’éloigner du chevet du jeune pêcheur et si une rumeur courait déjà dans le village, elle n’en avait pas eut l’écho, enfermé dans son monde qui s’arrêtait à la porte de la yourte (greuhh!), là où se regard pouvait encore se poser sur son Kuam. La journée s’acheva ainsi, Taliane, s’assoupissant par instant pour se réveiller en sursaut le moment d’après sans se rappeler des rêves qui tentaient de l’assaillir à chaque instant où son esprit gagnait le monde onirique.
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Hadjaï-Akhil Manohar
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MessageSujet: Re: La cérémonie des Trois Lunes   La cérémonie des Trois Lunes Icon_minitimeMer 13 Jan - 2:39

Invité sous la yourte (je commence fort) de la princesse, jamais il n’aurait pensé s’y retrouver un jour. Peut-être les hommes du village avaient-ils, en rêve pour les plus timides, et d’autres plus téméraires en la courtisant directement, espérés avoir le privilège de partager sa couche et dans un même temps, se voir offrir les clés du village. Mais il s’avérait que le chef Amitrasutran était très sélectif et pointilleux avec les hommes qui tournaient autour de sa fille. Il ne laissait pas n’importe quel Kuam prétendre à son cœur. Le père vivait dans la vaste illusion de choisir le meilleur pour sa fille afin de la rendre heureuse et dans un même temps, celui de rendre heureux son peuple et parfois, avec des jours comme la semaine qui venait de s’écouler, il ne pouvait réussir à satisfaire les deux. Il savait qu’il n’était pas le plus démonstratif de son amour vis-à-vis de sa fille mais il lui était parfois dur de lier ses deux activités de père et de chef de clan. Sa femme restait l’élément le plus important pour garder la communication entre sa fille et lui.

Hadjaï-Akhil (^^) suivit la princesse dans la pièce d’un regard incertain. Elle lui avait fait comprendre qu’il mangerait alors il ne lui en fallait pas moins pour ne pas se laisser emporter par un songe reposant qui l’appelait déjà depuis qu’il avait quitté le poteau et qui était bien plus encore présent depuis qu’il était confortablement allongé sur la moelleuse paillasse de la princesse qui émanait de son odeur. S’il avait eu plus de force, il se serait excusé de souiller ainsi son lit avec son corps couvert de sable et trempé qui plus est. Une simple couverture sur le sol aurait amplement suffit et lui aurait même semblé un grand luxe… là, c’était encore plus fort que le luxe. Le confort n’enlevait rien à la douleur qui s’estomperait au fil des jours mais cela l’apaisait tout de même en grande partie… cela était également sans doute dû à Taliane qui veillait sur lui comme personne ne l’avait fait depuis la mort de sa famille. Aujourd’hui, il pouvait se reposer et fermer les yeux sans crainte de voir un navire et son équipage venir les exterminer sans en être prévenu.

Le Kuam admirait le lien si fort qui semblait lier sa mère à elle et même si son père avait été bourru à son égard, il trouvait qu’elle avait de la chance de l’avoir encore à ses côtés. Il ne se rappelait pas bien de ses parents, ni de ses frères. Parfois certains éléments devenaient plus clairs dans son esprit et d’autres, perdaient de leur clarté. Il ne pouvait se souvenir de tout en même temps, il fallait toujours équilibrer la balance en choisissant. Les éléments qu’il n’oubliait pas étaient ceux qu’il aurait pourtant eu le plus à cœur de se débarrasser. Les années avaient passés et finalement, il faisait avec comme tous les kuams sur cette terre qui avait perdu un être cher. La différence était qu’il n’avait pas voulu renouer de lien social depuis ce jour là, enfin jusqu’à aujourd’hui. Et bien que son impression fût qu’il ne l’avait pas laissé pénétré dans son monde, leur rencontre s’était fait si simplement qu’il ne réalisait pas encore qu’il lui avait ouvert la porte de son cœur.

Si elle ne l’avait pas averti de ne pas se précipiter, la mixture peu ragoutante pour un estomac qui avait déjà eut son repas du midi, aurait déjà été goulument avalé. Le corps humain pouvait encore être privé de nourriture pendant plusieurs semaines mais un estomac vide ne crachait pas sur le moindre repas proposé même si celui-ci n’avait rien de plaisant. Cela ressemblait à une bouillie trop soluble pour enfant mais qu’importe, sa bouche se délecta d’avoir enfin quelque chose pour refaire travailler son estomac. Il avala une nouvelle fois l’eau qu’elle lui proposait, aidée par sa main protectrice qui maintenait son cou puis laissa sa tête rejoindre la couchette, pendant que Taliane lui retirait les bols vides.

Il ne tarda pas à s’endormir, on avait répondu doucement aux besoins de son organisme et l’ombre de la tente était un paradis pour prendre du repos. L’eau fraîche qui s’écoula sur son visage est dans son cou ne le réveilla pas plus. Seules ses lèvres s’entrouvrirent pour capter les gouttes d’eaux qui glissaient jusqu’à ses lèvres pour s’y perdre. Il resta calme tout le jour, plongé dans un profond sommeil et ne donna signe de vie que deux jours plus tard, dans l‘après-midi. Ses doigts firent quelques bonds et ses paupières tressaillirent avant de parvenir à s’ouvrir. Il n’était pas encore réveillé que ses lèvres se murent, laissant échapper un « j’ai soif » endormi.

Le jeune homme ouvrit les yeux, ne réalisant pas bien où il se trouvait. Sa vision était encore un peu flou et les yeux lui piquaient. Sa main se souleva pour venir en masser les coins mais sa main s’arrêta net en sentant la rudesse désagréable de sa peau et les boursouflures d’épiderme brûlé. A quoi devait-il ressembler? Il se redressa, s’y reprenant à deux fois mais finalement, n’éprouvant pas tant de difficulté que ça à le faire. Il parcouru son cou, dévoré par la corde, regarda les marques de cordage sur son buste que l’absence de bronzage rendait plus voyante. Même ses poignets étaient abîmés. Hadjaï eut une moue colérique. Il n’était pas l’homme le plus féroce à veiller sur son physique mais il n’en demeurait pas moins révolté. Il n’osait plus se tourner vers Taliane de peur de lui inspirer du dégoût, imaginant à quel point, il devait être repoussant. Il espérait que les cicatrices finiraient par disparaître ou au moins, qu'elles s'amenuiseraient. Il ne voulait pas être traité de monstre en plus du reste.
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MessageSujet: Re: La cérémonie des Trois Lunes   La cérémonie des Trois Lunes Icon_minitimeMer 13 Jan - 19:53

La mère de Taliane avait su convaincre le chef que de brusquer sa fille n’était pas la solution s’il avait le souhait qu’elle entende la raison de son père. Venir brutalement lui annoncer l’idée qui l’avait traversé et ne le quittait plus, n’aiderait certainement en rien et son tempérament plus…tempéré, la fit convaincre son homme qu’elle saurait mieux en glisser mot à sa fille sans risquer qu’elle ne s’oppose trop fortement. Elle c’était contentée de quelques allusions auprès de sa fille sur le temps qui passait et un autre jour sur la venue prochaine de quelques guerriers aux villages, mais son enfant aurait été sourde qu’elle n’aurait pas plus réagit à ses propos. Était-elle trop subtile (avec un b), qu’elle n’obtenait même pas de sa fille qu’elle fronce les sourcils en l’écoutant parler. Taliane était préoccupée, mais si sa mère n’était que partiellement convaincue de l’opinion de son époux, elle avait le souhait que sa fille puisse réfléchir à la situation avant qu’elle ne soit trop près de cette réalité pour convenablement imposé ses choix.

La jeune princesse n’était pas sourde et n’était pas idiote. Les paroles de sa mère avait portée fruit, mais elle ne voulait pas exprimer l’angoisse qui la prenait lorsqu’elle songeait que son père eut pu la forcer à prendre un homme dont elle ne voulait pas. Alors qu’elle gardait le chevet de son Kuam, elle avait tout le temps de réfléchir, de sentir un désespoir qu’on lui arrache à nouveau ce qui devait être son destin, parce qu’elle avait un rôle à jouer dans son village et de se rappeler qu’elle était prête à tout pour ne pas le perdre. Elle n’avait pas le désir cependant que sa mère sache qu’elle entendait, dans chacun de ses mots, l’avertissement qu’elle lui lançait. Elle ne voulait pas qu’on lui demande ce qu’elle pensait de cette idée, alors que c’était se mettre la tête sous le sable que de prétendre l’ignorer. Les deux jours se passèrent ainsi, sans qu’elle ne sortie beaucoup plus que pour aller se laver à la source et essaya de passer quelques heure en compagnie de sa mère et d’une femme du village, à mettre dans des pots en terres cuites (^^) des fèves ramassés la veille. Elle avait la tête ailleurs et, encore, n’écouta pas vraiment ce que les deux autres femmes disaient, aspirant seulement à se montrer un peu utile aux yeux du village, bien que l’envie n’y était plus autant qu’avant. Elle était repartie le plus rapidement possible, sa mère ne la retenant pas plus que nécessaire.

Elle n’avait pas encore la certitude de vouloir leur prouver à tous quoi que ce soit, mais avait aussi retiré son châle qui couvrait son dos, laissant voir les cicatrices sur son dos qu’elle ne voulait pas dissimuler comme si elle en portait la honte. La princesse entendrait peut-être à faire quelques pas pour se ramener vers le village, mais avait le souhait que ses gens perdent le reproche de leur yeux et entendent aussi à faire quelques pas.

Taliane se redressa en entendant le murmure de sa voix, prête en quelques secondes à venir porter à ses lèvres le breuvage qui apaiserait sa soif. Elle était venue s’asseoir sur le bord de la couche, tenant entre ses doigts le bol remplit d’eau, comme si elle avait été déjà prête à venir le lui porter depuis tout ce temps. Il y avait deux jours qu’il ne c’était pas réveillé et il n’avait pas réellement bu depuis qu’il c’était endormit, se contentant uniquement de quelques goûtes qu’elle parvenait à verser entre ses lèvres, lorsqu’il lui semblait plus éveillé qu’à un autre moment. Elle s’arrêta dans son geste, suivant silencieusement des yeux ceux d’Hadjaï qui le menait à se rendre compte de son état. Elle eut un léger pincement au cœur, à le voir ainsi, toucher de ses doigts les blessures qu’avaient faites les cordages qui le maintenaient attaché au pilier. Son était s’améliorait, mais lui donnait certainement aussi un meilleur aperçu de la situation, à chaque pas que son esprit faisait vers le retour à la réalité. Elle vint poser un moment le bol d’eau sur ses genoux, lorsqu’elle vit apparaître sur son visage la colère dut à son état.

Il lui tournait le dos, refusant de la regarder et si elle ne pouvait l’y forcer, elle n’en souffrait pas moins de le voir ainsi espérer se dérober à son regard, comme si elle avait pu attacher importance à ce que les coups des intempéries avaient pu lui infliger. Elle avait passé une semaine entière à le regarder subir son malheur et venait de passer deux jours à graver dans sa mémoire, chacun de ses traits comme le soleil les avaient laissé. Si la douleur qu’elle ressentait à chacun de ses instants était innommable, jamais elle n’avait détourné les yeux de lui par dégout et même le tourment n’avait pas fait se baisser son regard. Elle ne pouvait réellement comprendre ce qu’il pouvait endurer, car qui vivant sur ses terres le pouvaient? Qui pouvait prétendre encore avoir vécu semblable chose et savoir. Elle n’avait pas l’orgueil de croire comprendre, mais elle aurait voulut pouvoir le réconforter de sa présence, sans le sentir blessé qu’elle se trouva là.

Elle passa ses bras autour de son corps, sa poitrine venant se coller contre son dos pour mettre entre ses mains le bol d’eau, sans venir lui faire face. Elle devait respecter, non sans peine, son choix de ne pas vouloir se tourner vers elle.


- Les cicatrices sont des tatouages des épreuves auxquelles on a survécu. Celles là tu devrais les porter avec fierté.

Elle ne voulait pas le voir avoir honte, croire que sa fierté avec disparu sur cette plage et si elle devait être la seule à le trouver admirable, elle avait le souhait qu’il le sache et qu’il la croit sincère. Elle se leva pour aller chercher un peu d’un ragout déjà moins flasque que son précédent repas et lui laissa quelques instants de répit alors qu’elle se penchait sur le chaudron (en terre cuite?) pour en remplir un bol avant de revenir s’asseoir sur le bord du lit.
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MessageSujet: Re: La cérémonie des Trois Lunes   La cérémonie des Trois Lunes Icon_minitimeMer 13 Jan - 21:50

On n’annonçait pas l’arrivée des guerriers avant une semaine, pourtant l’un d’entre eux, le courageux Ratul, celui de tous les hommes qui la désirait le plus, se présenta aux portes du village à peine 2 jours après que l’annonce du chef Amitrasutran lui soit parvenu. Il ne voulait pas laissé passer sa chance. D’ailleurs, il "courtiserait'' le père en premier lieu afin d’avoir sa bénédiction sans qu’une lutte avec les autres n’ait lieu. Dans son village, on abattait la difficulté avant qu’elle n’arrive. Agir avec quelques coups d’avance était une stratégie militaire qu’on pouvait utiliser en amour aussi. Le fier Kuam de la tribu des Obalesh n’était pas venu les mains vides. Nourriture, pierres précieuses, perroquets colorés furent offerts à la famille de sa « future épouse ». Il venait confiant. Dans sa contrée, il était le guerrier le plus émérite, les femmes disaient de lui qu’il était beau… elle ne pouvait lui résister et qu’importe si elle le faisait, les liens sociaux étaient bien trop importants avec son village pour que son père ose lui refuser sa main sans que ce lien se rompe. Le Kuam pensait avoir toutes les cartes en main. Il ignorait qu’un joueur supplémentaire avait rejoint sans le vouloir la partie.

Le chef fût surpris d’apprendre l’arrivée non-annoncée d’un guerrier voisin mais il était bienheureux. Plus vite, ils seraient là et plus vite, ils pourraient éloigner le danger. Il avait envoyer quelques uns de ses serviteurs grappiller quelques informations sur la santé du Kuam, après tout il aurait pu périr après avoir été détaché. Les informations rapportées avaient été tout d’abord assez nébuleuses. On lui avait dit ne pas avoir retrouvé le corps du Kuam, si sur la plage, ni sur le camp de pêcheur. Puis sa fille entra en scène dans les nouvelles suivantes, on l’avait vu soutenant le pêcheur mal en point et l’invitant dans sa tente. Le Kuam devait être toujours en vie car sinon elle n’aurait pas laissé le cadavre abîmé de l’homme se décomposer sous sa tente. Pourquoi ne voulait-il pas mourir celui-là? Fulmina le chef. Fallait-il croire les propos de sa fille finalement? Était-il protégé du Destin? Ce qu’il pouvait le haïr celui-là parfois! Le chef Kuam serait bien allé lui-même traîné cet Hadjaï-Akhil hors de sa tente, lui rappelant que l’unique homme pouvant entrer dans la yourte (erk ^^’’) de la princesse était son époux! Cependant, il avait d’autres chats à fouetter, il devait accueillir le guerrier d’Obalesh comme il se devait et prendre les mesures pour qu’on lui prépare une tente où il pourrait résider selon sa convenance. L’homme d’âge mûr se contenta d’envoyer fréquemment des villageois faire des passages répétées devant la résidence de sa fille pour lui conter les nouvelles.

Hadjaï ne se doutait pas de ce qui se tramait dans le village alors qu’il s’évertuait à se reposer dans un silence quasi-religieux. Il n’imaginait pas à cet instant à quel point la nouvelle que des prétendants viendraient au village, l’aurait mis dans un tel état de jalousie. Il laisserait place, comme il l’avait toujours fait. Trop fatigué à lutter pour quelque chose que le destin peut vous reprendre encore et encore. Pour le moment, son esprit était loin des problèmes humains. Il voguait dans une nuée blanche et apaisante qui droguait son esprit et le rendait aussi volatile que la poussière du temps. Il avait l’impression de s’élever, de s’envoler haut dans le ciel et de planer au-dessus des îles de l’archipel pour se poser sur un îlot désert. Quelques rares gouttes de pluie tombèrent sur son visage alors qu’il avait l’impression de les sentir glisser dans sa bouche. Il resta sur l’îlot longtemps, très longtemps et bientôt le silence le pesa… la musique des vagues n’avait plus aucune poésie si personne n’était là pour partager cela avec lui. Il voulu s’échapper de son paradis devenu cauchemar et doucement son esprit refit machine arrière pour revenir dans son corps et le réveiller.

Il soupçonna son geste d’avoir été trop brutal mais l’envie de ne pas être vu ainsi était si forte, qu’il s’était retourné presque avant d’y avoir pensé. C’était ridicule, elle l’avait déjà vu ainsi lorsqu’elle était venu pour sa libération. Il aurait été naïf et stupide de croire qu’elle ne s’en était pas rendu compte jusqu’à maintenant. Et elle était restée? Était-ce par pitié? La pitié n’était pas pour le rendre plus à l’aise dans son orgueil mais cela aurait au moins le mérite de lui montrer qu’elle lui portait de l’intérêt. Il serra les pans de la couverture. C’était si dur de croire que la torture était terminée alors que son cœur tiraillait encore entre colère et faiblesse. Les morceaux tombés des ruines de son cœur reprenaient place mais pas assez vite à son goût. Il fallait se refaire une jolie armure étincelante pour se protéger des assauts ennemis mais il ne fallait pas se tromper dans l’ordre du puzzle.

Une muraille éphémère vînt se constituer en les bras de la princesse. Etrange sentiment que de se sentir ainsi à proximité d’une femme. Les Kuams avaient beau ne pas se sentir gêner de dévoiler leur intimité, cette proximité ne se trouvait la plupart du temps que dans les couples. Mais la caresse de sa peau, de la douceur de sa poitrine éveilla un effervescent sentiment de bien-être et de protection. Il tourna sa tête de côté vers elle, le contour des yeux abîmés, mais l’éclat dans ceux-ci toujours intacts. Il la regarda perplexe, plus quant à sa phrase qui le faisait réfléchir qu’à son geste.


_ Ma fierté est resté sur ce pilier… et chaque regard porté par ceux qui ont voulu ma mort, sera comme une corde de plus venu m’y rattacher.

Croyant qu’il pouvait se lever puisqu’il n’eut pas tant de problème que ça à se redresser, il s’efforça de se mettre debout. Ce serait déjà un premier pas vers la guérison de son orgueil trop cruellement blessé mais ses pieds brûlés le rappelèrent à l’ordre alors que la plante de ses pieds se posaient sur le sol. Hadjaï grogna un juron typiquement kuam (dans ma tête, cette scène est très drôle! XD) et se laissa retomber à genoux sur la paillasse, rejointe par Taliane et un repas qui arrivait à point nommé tant il avait faim.
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MessageSujet: Re: La cérémonie des Trois Lunes   La cérémonie des Trois Lunes Icon_minitimeJeu 14 Jan - 1:57

Les yeux de Taliane n’accordait d’importance à ce qu’il avait fait pour elle. Si cela n’avait pas d’importance pour lui, il l’avait sans doute sauvé de la mort ou du déshonneur d’avoir trahit son peuple si elle c’était chargée elle-même de la tâche à accomplir. Il avait aussi sauvé son père à elle de ce même déshonneur, car si ce n’était pas passé par l’esprit de son cher père, il n’en demeurait pas moins que si Hadjaï avait quitté la plage avant elle et ne c’était pas retourné, elle aurait dut mériter le châtiment du jeune pêcheur, selon toute justice.

- Et chaque fois que je poserai mon regard sur ses marques, je me rappellerai que ton geste a sauvé ma vie.

Taliane ne chercha pas à convaincre son Kuam de sa perception des choses. Si elle cherchait toujours pour elle-même à ce que son passé lui permette d’avancer, celui d’Hadjaï semblait depuis longtemps le retenir. Elle n’avait pas le désir de lui imposer quoi que ce soit, comme elle ne l’avait pas fait jusqu’à maintenant. Le temps était parfois le seul qui pouvait avoir raison d’une conviction. La colère vis à vis de ses blessures éveillaient en elle une part de culpabilité. Elle ignorait à quel point sa fierté souffrirait encore alors que le temps passerait. Si elle n’était pas intervenu il serait mort à l’aube, mais sa mort aurait été rapide. Peut-être l’aurait-il préféré et égoïstement elle avait voulut le sauver, le faisant plus souffrir que ce qu’il méritait.

Elle resta un moment, lorsqu’il tourna son visage vers elle, avec le désir de poser ses lèvres sur celle décharnées d’Hadjaï, pour lui faire perdre de cette amertume qui l’habitait. Elle s’en abstint néanmoins, car elle avait un plus fervent désir qu’on ne puisse leur reprocher, ni à elle et surtout pas à lui, d’avoir profité de manière déshonorable de l’intimité des fines cloisons de la demeure de la princesse. Bien qu’elle sache mettre à rude épreuve la patience de son père, ce n’était pas dans une intention mauvaise et elle n’aurait pas ajouté à sa colère par simple malveillance. La princesse savait encore trouver la limite entre persévérer dans un chemin qu’elle trouvait juste et agir en toute inconscience et simplement envenimer une situation déjà difficile. Elle s’écarta après un instant où ses yeux chocolatés se perdait dans l’abime de ceux d’Hadjaï avant de se lever pour aller chercher le bol de ragout (je crois que c’est de la chèvre de montagne!)

Elle échappa une grimace en voyant sa tentative, et son échec pour se lever, cachant par le fait même son amusement que pouvait provoqué chez elle la situation. Il était un peu absurde de s’amuser dans une telle situation, mais il y avait un bon moment que rien n’était venu troublé le sérieux des événements et le juron si spontané et impromptu faillit lui arracher un sourire. Elle vint s’asseoir à ses côtés pour lui tendre le repas qui devrait apaiser un peu sa faim. Elle le regarda silencieusement un instant, tracassée par ce qui devrait encore inévitablement venir si elle espérait pouvoir lui appartenir un jour. Son cœur était déjà entre ses mains (l’image rappel un événement dans la cb) et s’il n’en avait pas conscience il aurait pu en faire ce qu’il voulait. Elle craignait au fond d’elle-même qu’il ne finisse par le lui écraser, s’il ne se rendait pas compte de ce qu’il possédait. Les Kuams étaient attaché à la volonté de se plier devant plus grand que soit et rester à sa place était une chose fort importante, comme Taliane devait sans cesse s’en rendre compte.

Elle ignorait encore que l’un des guerriers étaient arrivé quelques instant auparavant, mais son esprit se sentait presser et craintif de l’avenir. Elle devait lui parler, savoir ce qu’il ferait et ce qu’elle devrait faire. Elle ne pouvait se plier à la volonté de son père, quoi qu’elle se soit un jour juré qu’elle le ferait. Aujourd’hui elle avait le souhait d’apaiser son père, mais pas de se briser d’un destin repoussé. Sa nature la poussait à ne pas faire comme sa mère avait fait pour elle et à mettre au courant Hadjaï de ce qu’elle savait, comme si de se taire avait été un mensonge involontaire. Ses yeux étaient restés fixés sur lui lorsqu’elle ouvrit finalement la bouche, après avoir réduit sa colère intérieure au silence pour adopter un ton plus posé.


- Hadjaï, mon père c’est mit en tête de me trouver un mari.

Elle avait essayer de garder une voix calme, mais ça voix c’était un peu éraillé avant qu’elle n’aille terminé sa phrase, comme si t’entendre, de sa propre bouche, ce que sous le couvert de beaucoup de périphrases sa mère le lui avait fait savoir, lui faisait prendre mieux conscience de cette réalité. Elle ne savait qu’attendre de la réaction d’Hadjaï, car c’était clair pour elle-même qu’elle ne pouvait pas accepter que cela se fasse et si à une époque elle aurait prit un homme sans l’aimer pour le bien de tous, elle était aujourd’hui rongé par son sentiment égoïste, cette petite voix qui lui disait que ce n’était pas ce qu’elle voulait. Ses rêves, lorsque ses yeux brillaient d’un éclat bleuté et lui faisait voir ce que nul ne voyait, donnaient encore plus de force à cette voix. Savoir que quelque part dans un monde possible elle pouvait l’aimer sans que cela semble causé plus de mal que de bien éveillait l’acharnement chez elle.

La tenture s’entrouvrit pour laisser de nouveau sa mère entrée. Elle passa son regard de l’un à l’autre et ne faisant pas attendre sur la raison de sa venu s’adressa à sa fille:


- Je peux te parler Taliane?

Taliane hésita une seconde à se lever, lorsque sa mère prit la peine de sortir en refermant l’ouverture après un signe presque imperceptible de la tête en direction d’Hadjaï, qui se voulait être un salut discret. La jeune princesse se leva pour sortir à l’extérieur, espérant que sa mère ne devait pas venir lui parler longtemps. Devait-elle encore lui rappeler que quelques guerriers viendraient dans quelques jours? Le soleil brillait à l’extérieur et les nombreuses heures qu’elle passait à l’intérieur de sa yourte, firent que les rayons brûlèrent plus que de coutume ses iris. Elle cligna des yeux quelques coups avant de tourner son regard vers sa mère qui ne c’était éloigné que de quelques pas de la tente. S’approchant pour la rejoindre, consciente qu’elle avait du s’éloigner pour que les mots qu’elles échangeraient restes entre-elles, quoi qu’elle n’avait rien envie de cacher à son Kuam.

- Je voulais t’avertir que le Guerrier (Rateau) Ratul était arrivé au village tout à l’heure.

- Qui?

Si Taliane affichait un air surprit, ce n’était pas de ne pas savoir de qui il s’agissait. Il lui importait peu que sa mère lui rappel qu’elle lui en avait parlé dans les derniers jours, un guerrier d'Obalesh. Elle n'écouta pas la réponse que sa mère lui fit. Il lui importait peut de savoir qui étaient ses guerriers qui passeraient par le village. Elle ne s’était cependant pas attendue à ce que ce soit si rapide. Son cœur presser qui avait cogné le rythme du temps qui passe avait été un avertissement à celui qui lui manquerait bientôt. Taliane était devenue pâle en un instant, elle recula d’un pas et sa mère jeta un regard en direction de la tente avant de retourner son attention vers Taliane.

- Tu devrais te tenir prête. J’ignore quand ton père décidera de te le présenter, mais il ne serait pas bon d’être prit de court.

Être prise de court? Parce qu’à présent elle ne l’était pas déjà. Elle acquiesça incapable de parler. Sa mère sembla hésiter à la laisser ainsi et aurait voulut la prendre dans ses bras pour la réconforter, mais quelques regards curieux de villageois indiscrets la forcèrent à n’en rien faire. Elles se laissèrent après ses quelques paroles échangées, sa mère retournant sur ses pas, alors que Taliane retournait à l’intérieur de la tente, le visage blême. Elle n’était pas parvenue à se recomposer un visage qui eut caché la panique qui s’installait en elle. La pression accumulée et cette dernière nouvelle trop précipité lui donnait l’impression qu’on s’acharnait à vouloir la démolir. Sa mère l’avait ménagé comme elle pouvait le faire dans la situation présente, mais ce n’était pas encore suffisant. Si Hadjaï n’avait pas été là elle se serait sans doute effondrée pour laisser les larmes rouler sur ses joues, mais la fierté dont elle était elle-même pourvue l’empêchait de faiblir devant un autre regard.
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Hadjaï-Akhil Manohar
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Hadjaï-Akhil Manohar


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MessageSujet: Re: La cérémonie des Trois Lunes   La cérémonie des Trois Lunes Icon_minitimeJeu 14 Jan - 4:24

Hadjaï ne se sentit pas héroïque dans l’affirmation qu’elle employa. C’était aimable de sa part de le tourner en héros mais il ne se sentait pas comme tel. Il restait un simple pêcheur qui dans le regard d’une femme avait vu ce qu’il devait faire. L’avait-il fait pour lui épargner les mêmes souffrances ou parce qu’une main invisible l’y forçait, il ne se souvenait plus les pensées qui avaient traversé son esprit sur la plage, à ce moment là. C’est vrai qu’il ne lui souhaitait pas un jour de devoir être privé d’eau et de nourriture, exposé à un soleil brûlant mais dans le fond, son geste n’avait pas servit à grand-chose. Ils avaient beaucoup perdu tout les deux et peu gagné… mais le jeune homme se trompait lourdement au vu de l’amour qui lui tendait les bras. Il était le dernier Kuam sur terre à penser qu’une femme pouvait l’aimer et pire de pouvoir tomber amoureux lui-même! Dans son monde de célibataire, il n’y avait que de la place pour lui et pour l’Océan. Personne d’autres n’avait jusque là été invité à chambouler ses habitudes.

_ Ne va pas si loin Taliane, je n’ai rien d’un héros.

L’aurait-il refait ce geste? Aurait-il eu la force de pousser ce radeau loin de la côte en sachant ce qui l’aurait attendu? Il aurait pu mais le courage aurait été plus fort s’il avait su qu’il ne souffrirait pas aussi longtemps et qu’il quitterait ce monde au bout de tout au plus deux jours. Il avait tenu un peu plus du double avant de sentir qu’il lâchait prise. Il avait beau avoir apprit que la sentence ne durait que 7 jours et qu’il lui en restait 2 et demi à tenir, cela était devenu trop dur de résister. Son envie de vivre n’était pas assez forte pour cela. Lorsque l’on suit une vie sans intérêt, on a peu à cœur de la protéger. La seule chose qui l’attristait était de mourir en traître plutôt qu’en Kuam.

Il la fixa un instant alors qu’il tournait la tête, essayant de deviner dans ses yeux pourquoi elle lui témoignait un tel intérêt. Elle pouvait tout avoir pour vivre heureuse et elle s’attardait avec un homme qui ne voulait pas du bonheur. Que pourrait-il lui donne si l’amour avait été simplement possible entre eux? Il était associable, bougon, passait plus de temps dans l’eau que sur terre… où serait son bonheur à elle dans tout ça. Pourtant, au plus profond de lui-même, un message encore trop faible lui criait que nul amour n’est interdit s’il est sincère, il n’y a que les convenances qui le rendent impossible. Son cœur avait envie d’essayer mais il craignait de s’engager sur une telle route. L’amour n’était pas comme une fleur qu’on jette lorsqu’elle est fanée et qu'on oublie ensuite. Le message d’amour qui passait dans les yeux de la jeune princesse lui était curieusement plus indéchiffrable que celui, presque qu’invisible qui l’avait poussé à se porter coupable d’un crime mortel. Soit le monde ne tournait pas rond, soit c’était lui! Il fallait qu’elle s’écarte sinon c’est lui-même qui aurait formé l’espace. Pas que leur proximité l’intimidait ou qu’il ne la souhaitait pas mais comme elle, il craignait qu’on les surprenne, que ce simple échange de regard ne se transforme en une véritable affaire criminelle. Il valait mieux éviter une affaire où cette fois-ci le chef ferait en sorte qu’il n’en réchappe pas.

Sa chute sur la paillasse ne l’avait pas découragé. Si ces pieds n’avaient pas été aussi abîmés, il serait debout à l’heure actuelle, il en était persuadé. Malgré la fatigue et le manque de nourriture, il avait toujours eu une bonne condition physique et avait rarement souffert de la moindre maladie. Ce qui était arrivé n’était en rien comparable à une maladie cependant, il s’en remettrait. Il mettrait certainement plus longtemps à guérir moralement que physiquement mais il apprendrait à vivre avec. Il avait vécu pire que ces sept jours accrochés à ce pilier, la mort de sa famille était une douleur encore plus insupportable et dont il n’arrivait toujours pas à se remettre. Il avait conscience que sa réaction un peu brusque pouvait faire sourire, lui-même s’était surpris à échapper un juron en sentant les brûlures le ramener à l’ordre. Il ne se serait pas offensé de la voir sourire… il aimait la voir sourire car il n’y avait rien de mesquin sur ses lèvres. Il se saisit du repas qu’il n’admira pas longtemps avant de le porter à sa bouche. Tout en mangeant à grandes bouchées, il se demandait comment il pourrait la remercier du temps qu’elle lui accordait et de la nourriture qu’elle lui offrait. Il ne resterait pas égoïste devant sa gentillesse à son égard.

Il termina son repas lorsqu’elle mentionna son père et son idée de mariage. Il comprit qu’il devait y être pour quelque chose à cette idée subite mais ne chercha pas à expliquer à Taliane qu’il savait où était sa place et qu’il ne se substituerait pas à la décision de son père. Ça, c’était la partie raisonné et forcé de son être qui parlait mais de l’autre, il ’y avait une jalousie énorme qui se déversa dans ses veines à l’idée qu’il lui serait interdit de la côtoyer à l’avenir, d’imaginer un homme la toucher avec tendresse, de caresser sans se cacher la moindre parcelle de sa peau. Le bol de terre cuite se serait sans doute brisé en deux s’il l’avait eu encore en main à cet instant. D’apparence calme et neutre, Hadjaï rongeait les barreaux de la prison qui l’empêchait de pouvoir la réconforter. Sa mère arriva à temps, apportant une excuse au fait qu’il n’ait pas trouvé quoi répondre à cela. La réconforter aurait été dans ses premiers objectifs, lui redonner le sourire et pourquoi pas la blottir silencieusement au creux de ses bras mais il n’avait pas eu le temps de mettre ses idées en place pour agir et parler sans commettre d’erreur.

La femme du chef, Abhisarika, souleva à nouveau la toile de la tente. Hadjaï détourna le regard lorsque les siens le croisèrent. S’il s’habituait peu à peu à montrer ses blessures à Taliane, les regards extérieurs étaient encore un poids qu’il ne se sentait pas prêt à affronter. Elle était venue chercher sa fille pour s’entretenir avec elle. Taliane se leva et la suivit et là, horreur! Se porta à son regard ce qui lui avait échapper jusque là, des marques de coups de fouet lui cisaillant le dos. Hadjaï en resta choqué. Alors elle avait payé elle-aussi alors qu’elle n’était coupable en rien!

Il resta là, à cracher sur la justice Kuam qui avait puni une innocente et ne put s’empêcher d’entendre la conversation que les deux femmes avaient l’une avec l’autre. Il aurait voulu dévier son ouïe sur autre chose pour ne plus avoir l’impression de l’espionner mais chaque mot atterrissait dans son oreille avec distinction. Il se sentait si impuissant face à cette décision et ne voyait pas comment il pourrait agir pour l’éloigner d’un mariage qui de toute évidence était pour elle un fardeau.

Cela le peina de ne pouvoir se lever pour l’accueillir dans sa tente. Son père la faisait fouetter et maintenant il la mariait. Dans les deux cas, il se sentait coupable, sentant en lui sa part de responsabilité. D’un geste compatissant, il tapota la paillasse à côté de lui pour qu’elle vienne s’y asseoir. Il n’était pas le genre de personne à savoir comment réconforter quelqu’un dans le désarroi avec des mots. Lorsqu’elle le rejoint, il enroula son bras autour de son épaule et l’invita à venir coller sa tête sous son menton, couvrant d’une main protectrice sa joue pâle, à la manière de sa mère, lorsque lui-même avait été triste. Il la berça doucement, l’invitant à pleurer si elle en ressentait le besoin. Lui-même avait versé quelques larmes sur son pilier. Elles n’arrangeraient pas les choses mais au moins elle se sentirait plus légère.


_ Pardonnes-moi, j'ai entendu votre conversation...

Il ne voulait pas lui cacher ce fait là. Même lui connaissait les exploits contés du guerrier Ratul. On le disait d'un grand courage. Il avait toutes ses chances devant son père de la lui voler s'ils ne faisaient rien.
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